Ottawa : 7000 voix à la défense de la presse écrite

le jeudi 15 février 2018

Le gouvernement doit instaurer des mesures d’urgence telles que le crédit d’impôt sur la masse salariale afin de venir en aide à la presse écrite, qui vit une «crise sans précédent» et peine à tirer son épingle du jeu entre les géants du web et la perte de revenus publicitaires.
C’est le message que la Fédération nationale des communications (FNC-CSN) a lancé au gouvernement Trudeau à l’occasion d’une Journée d’amour pour l’information, en ce 14 février.
«Nous avons plus à perdre de laisser des salles de presse fermer plutôt que d’agir», a signifié la présidente de la FNC-CSN Pascale St-Onge, lors d’un point de presse au Parlement. Elle a rappelé qu’entre 2009 et 2015, 43% des emplois dans la presse écrite au Québec ont disparu. Au Canada, 27 quotidiens ont fermé leurs portes au cours de la même période.
Mme St-Onge était accompagnée pour l’occasion du président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) Stéphane Giroux, de la présidente de la CSN Caroline Senneville et de l’ancien journaliste à La Presse et représentant chez Tact, Vincent Marissal.
Ils proposent notamment que le gouvernement mette en place un crédit d’impôt sur la masse salariale, afin de «maintenir les effectifs en place et même de réengager», souligne Mme St-Onge.
Droit de presse
La présidente de la CSN Caroline Senneville a fait valoir l’importance d’une presse de qualité dans une démocratie, alors que le droit de presse est inscrit dans la Charte canadienne des droits et liberté.
«Les médias ne sont pas une business comme les autres», a-t-elle insisté.
Elle a nommé les récentes enquêtes concernant des cas d’agressions sexuelles ou encore le travail journalistique ayant mené à la Commission Charbonneau comme des exemples de dossiers qui ont amené des changements qui n’auraient pas été possibles sans une presse libre.
Au-delà de l’aide
«Comme ancien journaliste, je ne pensais pas me retrouver ici à faire un plaidoyer pour la survie de la presse écrite, a lancé Vincent Marissal. Oui, ça prend une aide, mais aussi un engagement du gouvernement, qui affirme que la presse écrite est un enjeu essentiel dans la roue de la démocratie.»
Pour illustrer la crise que vivent les journaux, le président de la FPJQ a pour sa part fait mention d’administrations municipales qui constatent qu’il n’y a plus de journaux locaux afin d’informer la population des enjeux de la communauté.
«On entend parfois « On n’a pas besoin de journaux, on a internet ». C’est comme si on disait « On n’a pas besoin de l’agriculture, on a les supermarchés ». Ça ne fonctionne pas. Nous avons besoin des professionnels de l’information.»
À la recherche d’appuis
Pascale St-Onge affirme avoir eu des discussions avec la ministre de la Culture et du Patrimoine Mélanie Joly, mais davantage est attendu du gouvernement.
Le député de Longueuil–Saint-Hubert, Pierre Nantel, a donné son appui dès le début à la pétition de la FNC et, à son initiative, a organisé cette journée en appui à la presse écrite.
En période de questions en Chambre, le député a interpellé le premier ministre Justin Trudeau au sujet de ce que son gouvernement est prêt à faire en matière de mesures d’urgence pour venir en aide aux médias écrits.
M. Nantel a évoqué la pétition Presse écrite en danger – Le gouvernement doit agir, rassemblant quelque 7000 signatures. Il a déploré le fait qu’aucun député libéral ne se soit montré disponible pour en discuter.
Justin Trudeau a rappelé les 675 M$ versés à CBC/Radio-Canada, grâce auxquels des journalistes couvrent maintenant des territoires où il n’y avait auparavant pas de présence journalistique.
«Nous savons qu’il y a plus à faire mais on va s’assurer de travailler avec les organisations», a-t-il poursuivi.
Tous les députés étaient par ailleurs invités à rencontrer des journalistes et représentants des médias après la période de questions afin de discuter des enjeux qui touchent le monde de l’information.