5 questions sur la conciliation travail et vie personnelle

le vendredi 16 février 2018

La conciliation travail et vie privée n’est pas toujours facile. La psychologue, conférencière et formatrice Dre Nadia Gagnier répond aux questions du Reflet. Elle prononcera une conférence sur le sujet à la bibliothèque de Saint-Philippe, le 6 mars.  
 
1. Est-ce que la conciliation travail-famille représente un enjeu majeur ?
«Bien sûr! En 2012, selon l’Association canadienne pour la santé mentale, 58% des gens déclarent se sentir surchargés en raison des pressions exercées par leur travail, la maison, leur famille, leurs amis, leur santé physique et leurs activités bénévoles. Un Canadien sur quatre (25%) déclarait travailler 50h par semaine ou plus. En 2002, c’était un sur dix (10%). Quand on ajoute à cette statistique le temps passé dans la circulation, il y a moins de temps pour la vie personnelle. Les nouvelles technologies rendent aussi la frontière entre le travail et la vie personnelle de plus en plus perméable.»
 
2. Quelle personnes sont les plus touchées ?
«Bien que les pères s’impliquent de plus en plus dans les soins à fournir aux enfants, je crois que les femmes ont tendance à s’en mettre plus sur les épaules. Les personnes monoparentales doivent relever un défi supplémentaire sur le plan de la conciliation travail-famille. Lorsque les enfants sont en garde partagée, le parent monoparental dispose d’au moins une semaine sur deux sans ses enfants. Il peut tenter d’accomplir un maximum de tâches afin de maximiser le temps de qualité avec eux lorsqu’ils sont chez lui. Le fait de voir les enfants seulement la moitié du temps peut aussi rendre difficile l’équilibre entre l’encadrement de l’enfant et l’affection et l’attention positive qu’on lui porte. Le sentiment de manquer de temps avec son enfant peut amener n’importe quel parent bien intentionné à tomber dans le piège de la permissivité.»
 
3. Doit-on vivre pour son travail ou travailler pour vivre ?
«J’ai déjà entendu quelqu’un dire: Pourquoi se tuer au travail si notre employeur peut nous remplacer en une semaine si on tombe raide mort ? Cette citation aidera certainement les gens qui n’aiment pas trop leur travail à ne pas perdre de vue l’importance de leur vie personnelle. Mais il y a d’autres gens qui sont ambitieux ou qui se passionnent pour leur emploi. Comme le travail prend une grande partie de notre vie, il est bien que des gens choisissent une carrière valorisante et passionnante. Mais malgré cela, il ne faut pas perdre de vue l’importance d’une hygiène de vie, de ses amis, de son couple, de ses passions à l’extérieur du travail. Et surtout, des besoins de ses enfants lorsque l’on est parent. J’aurais donc tendance à dire: travailler pour vivre.»
 
La Dre Nadia Gagnier
4. Quelle est la part de responsabilité de l’employeur ? Est-il sensibilisé sur la question ?
«On constate une évolution à ce sujet. Le gouvernement aide aussi avec son généreux programme de congés parentaux et les CPE. Au plan des employeurs, il semble qu’on voit de plus en plus de mesures permettant de limiter les conflits de temps: télétravail, garderie en milieu de travail, horaires flexibles, congés pour raisons familiales. Les grandes entreprises commencent à établir des politiques de conciliation travail-famille, et les PME sont aussi en évolution sur ce point. Ce que les études démontrent, c’est que ces mesures qui étaient autrefois perçues comment des dépenses par les employeurs sont de plus en plus considérées comme des investissements. Elles améliorent la fidélité des employés, leur satisfaction et leur productivité au travail.»
 
5. Quelles sont les conséquences lorsqu’il y a déséquilibre entre son travail et sa vie personnelle ?
«Les signes indicateurs d’un déséquilibre sont multiples. On peut se sentir dépassé par les événements ou avoir l’impression qu’on n’a aucun contrôle sur sa vie. On ressent de la culpabilité parce qu’on néglige certains aspects de sa vie, en plus d’avoir du mal à se concentrer. À la longue, les conséquences peuvent être l’apparition de problèmes de santé mentale (ex.: anxiété, dépression), de l’épuisement, et d’autres problèmes de santé liés à la fatigue ou au stress (ex.: douleurs musculaires, problèmes de sommeil, etc.). Il s’agit également d’une cause majeure d’absentéisme, de refus de promotion et de changement de poste ou de carrière.»