Une semaine de vacances à Cuba a viré en enfer pour un couple de Beauharnois en décembre.
Victime d’une grave fracture durant son séjour, Sophie-Kim Bazinet est rentrée au Québec en avion ambulance. «C’est toute une aventure qui a coûté pas loin de 50 000 $», confie la mère de deux enfants qui se bat contre le cancer.
Sophie-Kim Bazinet et son conjoint Evans Dubé.
Année difficile
Mme Bazinet et son conjoint Evans Dubé voulaient s’offrir un moment de répit sous le soleil.
«L’année a été difficile. Ça faisait cinq ans qu’on n’avait pas pris de vacances en amoureux. On voulait profiter d’une belle semaine dans le Sud», raconte la femme de 42 ans.
Elle et son mari ont posé leurs valises au Memories Beach Resort de Holguin le 8 décembre. La catastrophe est survenue cinq jours plus tard.
Le temps était pluvieux. Les vacanciers ont décidé de profiter d’une excursion en soirée.
«Dans l’autobus, je me suis retenue sur un appuie-bras et il a flanché. J’ai plié en deux. Comme mes os sont fragilisés, ça a cassé», relate Sophie-Kim Bazinet.
Très souffrante, elle a été conduite à une clinique médicale, qui l’a transférée à un hôpital. Un lieu où l’équipement et l’hygiène laissaient à désirer.
«Ils m’ont fait lever debout pour les radios. Je souffrais atrocement», note-t-elle.
Des fractures à la hanche et au fémur ont été diagnostiquées. Une intervention chirurgicale était nécessaire. L’hôpital où elle se trouvait n’était pas en mesure de l’opérer. Il aurait fallu que Mme Bazinet se rende à la Havane à sept heures de route pour être traitée. «Je ne pouvais pas faire sept heures de route», souligne-t-elle.
Problème d’assurance
Avant de réserver son voyage, Mme Bazinet a demandé et obtenu une confirmation de son assureur, SSQ Groupe financier, à l’effet qu’elle était couverte. «Ça a l’air que je n’ai pas demandé la bonne affaire», observe-t-elle. Quand elle a réussi à contacter son assureur après son accident, il l’a informée qu’elle n’était pas couverte. «Ils m’ont dit : on ne paye rien du tout. Vous n’êtes pas assurée à cause de la préexistence du cancer», rapporte-t-elle. Elle s’explique mal cette décision. «J’avoue que je n’ai pas lu tous les petits caractères et eux n’ont pas abordé la question du cancer. Mais, depuis octobre 2016 que l’assureur me verse une assurance salaire et paye mes médicaments pour le cancer. Il doit bien le savoir», plaide l’enseignante de profession en congé forcé.
Traitant de l’histoire de Mme Bazinet dans son édition du 31 décembre, Le Journal de Montréal a alors rapporté que l’assureur analyserait le dossier de nouveau. Le Soleil de Châteauguay a demandé à l’entreprise, vendredi, où en était le processus. «L’analyse du dossier de réclamation de madame Bazinet est en cours, et ce, dans le respect du contrat d’assurance collective qui nous lie au preneur de ce contrat», a informé Danielle Rioux, Conseillère en communication et relations médias chez SSQ Assurance.
Comment trouver 35 000 $ (US)
Pour Sophie-Kim Bazinet, il n’y avait plus qu’une solution : rentrer au pays en avion ambulance. Elle a trouvé un vol à 35 000 $ (US soit 41 000 $ canadiens). Payables à l’avance. Le défi était de rassembler une telle somme rapidement et de procéder au paiement. Les proches de la Beauharlinoise et elle-même ont utilisé tous les soldes de leurs cartes de crédit pour y arriver. «On a tous «loadé» nos cartes et, ensemble, on a couvert le montant. Une chance que ma famille était là», dit Sophie-Kim Bazinet. Et une chance que son amoureux était avec elle, bien sûr, pour l’aider et composer avec les difficultés de communiquer avec le reste du monde à partir de l’île de Cuba.
Sueurs froides à l’hôpital
Une fois payée, la compagnie d’avion ambulance a organisé le transport. La blessée et son amoureux avaient rendez-vous à l’aéroport. Il restait la note de 2500 $ de l’hôpital à régler. «On ne pouvait pas quitter Cuba sans avoir payé», souligne Mme Bazinet. Un proche lui avait donné son numéro de carte de crédit pour procéder. «L’hôpital a refusé. Il voulait une carte physique. Je paniquais. On avait l’avion qui s’en venait dans une heure et demie. C’étaient des problèmes l’un après l’autre», se désole-t-elle.
Son conjoint a imaginé une solution. Comme le reste de la famille, sa carte de crédit avait atteint sa limite. Il a effectué un paiement par internet en espérant que la transaction soit enregistrée assez rapidement, genre instantanément, pour obtenir la vitale marge de manoeuvre sur sa carte. «C’était samedi. On avait peur que ça ne fonctionne pas. Je ne sais pas ce qu’on aurait fait si ça n’avait pas marché», dit Mme Bazinet.
De retour au Québec, elle a été opérée et prend du mieux.
Campagne GoFundMe lancée par une amie
Quand elle a appris la mésaventure de Sophie-Kim Bazinet sur Facebook, Karine Matteau a lancé une campagne de sociofinancement pour elle sur Gofundme. «C’est une copine avec qui j’allais à l’école des Patriotes-de-Beauharnois. Je suis toujours contente d’avoir de ses nouvelles. Je voulais lui montrer que même si on ne se donne pas de nouvelles tous les jours, ça me touche ce qui lui arrive», a confié la résidente de Mercier. Elle et Mme Bazinet faisaient partie d’un groupe d’élèves particulièrement soudés à l’époque à l’école secondaire des Patriotes-de-Beauharnois. «Le niveau au complet; tout le monde s’aidait, s’entraidait», se rappelle Mme Matteau. La page GoFundMe «Aidons Sophie-Kim» affichait près de 10 000 $ en dons au moment d’écrire ces lignes. L’objectif est de 50 000 $. «Son geste m’a surprise. Je suis vraiment contente. Que tout le monde m’encourage, ça me touche énormément», a confié Sophie-Kim Bazinet.
Les intéressés peuvent faire un don en cliquant sur le lien GoFundMe Aidons Sophie-Kim