Le gouvernement fédéral octroie une somme de 25 M$ à la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec afin qu’elle poursuive son travail de soutien et d’encadrement de la formation de la main-d’œuvre autochtone. Pour plusieurs intervenants autochtones, cette somme se veut une reconnaissance que les Premières Nations peuvent faire partie de la solution à la pénurie de main-d’œuvre.
Le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles Randy Boissonnault était de passage le jeudi 18 janvier à Kahnawake, où se trouve un des centres de la Commission de développement, pour en faire l’annonce. «C’est 25 millions de dollars pour que davantage de personnes autochtones reçoivent la formation professionnelle qu’ils ont besoin pour faire le métier qu’ils ont envie, pour construire les communautés, pour enseigner aux générations futures. Car mes amis, vous l’avez peut-être déjà entendu, mais on a du pain sur la planche», a exprimé le ministre en conférence de presse, faisant référence à la pénurie d’employés sur le marché du travail.
Un changement de mentalité
La Grande cheffe du conseil mohawk de Kahnawake Kahsennenhawe Sky-Deer a mentionné avoir vu dans le passé des projets de développement dans les municipalités environnantes de Kahnawake sans que les professionnels de la communauté puissent «faire partie de la conversation».
«Je vois un changement maintenant. Les gens veulent créer des opportunités pour nous. Il y a des programmes d’inclusion et de diversité pour être sû qu’il y a une stratégie autochtone. Ces concepts n’existaient pas avant», a-t-elle commenté.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec Labrador Ghislain Picard abonde dans le même sens. «Nous avons une solution en termes de pénurie de main-d’œuvre. Je dis ça en tout respect envers ceux qui sont issus de l’immigration, mais je pense qu’il doit y avoir une approche plus équitable pour nos communautés aussi», a mentionné M. Picard.
De l’aide pour enlever les bâtons dans les roues
La Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec a pour mission d’aider les personnes vivant dans 27 communautés autochtones et 4 grands centres urbains (Montréal, Québec, Val-d’Or et Sept-Îles) à intégrer le marché du travail. Le directeur général de la Commission Richard Jalbert rappelle que la majorité des Autochtones font face à davantage de barrières que la population générale en matière d’employabilité. «Ça peut être des difficultés de logement, de la discrimination, des difficultés à trouver une garderie, des documents manquants ou des pratiques différentes en fonction de nos valeurs», a-t-il énuméré.
Lorsqu’une personne s’adresse à la Commission, elle est accompagnée du début à la fin de son processus de formation et recherche d’emploi. «On est là pour les petits comme les gros problèmes», a ajouté M. Jalbert.
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(Photo : Le Soleil – Valérie Lessard)
Alexia, une membre de la communauté atikamekw de Wemontaci, a témoigné, lors de l’annonce, de son expérience de retour aux études comme mère de deux jeunes enfants. Elle a pu compléter sa formation de conduite de machinerie lourde en voirie forestière, avec l’aide de la Commission.
«Les gens de la Commission ont toujours été compréhensifs à mon égard quand j’avais des soucis côté famille et école», a-t-elle confié. Une fois son diplôme en poche, elle dit avoir malheureusement eu de la difficulté à se trouver un emploi «étant donné que c’est un travail non traditionnel». Depuis un an, elle occupe un poste d’opératrice de machinerie lourde grâce à une subvention salariale.
Selon l’Enquête sur la population active menée par Statistique Canada en novembre 2023, le taux d’emploi des Autochtones était de 58,3 %.
Karl G. Picard, agent de communications à la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec, a aussi raconté son expérience. Voir la vidéo.