Alors que les boutiques de fourrures tendent à fermer leurs portes faute de relève, la femme d’affaires et créatrice Gabrielle Mailhot-Côté rachète ce type d’entreprises, dont Fourrures Gilles Perron à Longueuil et Fourrures Jodoin et filles à La Prairie, avec comme mission de redonner ses lettres de noblesse à cette matière écologique, durable et souvent… sentimentale.
Après avoir fait des études en couture, en design et en gestion de la mode, Gabrielle Mailhot-Côté souhaitait entrer dans l’industrie en achetant une entreprise, sous les conseils de son conjoint entrepreneur qui lui suggérait de ne pas partir de zéro. Elle a ainsi fait sa première acquisition en 2021 avec l’atelier Spécialités André Morin à Montréal, attirée par la fourrure et son côté luxueux. Elle a depuis ajouté les boutiques de La Prairie et de Longueuil à ses actifs.
«Le luxe c’était un de mes critères. Je me suis dit : si je veux vendre mes produits à un certain prix, il faut que ce soit un produit qui se distingue par sa qualité. La matière, elle l’est en partant. C’est une matière noble et naturelle», explique-t-elle dans sa boutique à La Prairie, où elle a établi son siège social.
«Peut-être que ce n’est pas un marché qui est en croissance présentement, mais il va y avoir des parts de marché à aller chercher», se disait-elle. Son entreprise, baptisée Créations GAMA, couvre désormais toute la Rive-Sud de Montréal pour ce secteur d’activités.
Elle offre l’entreposage de manteaux pendant la saison estivale et mise aussi sur la transformation de manteaux qui ont généralement une valeur sentimentale pour les clientes. «Souvent, les gens arrivent avec le manteau dont ils ont hérité de leur mère, de leur grand-mère, mentionne celle qui travaille uniquement avec la fourrure recyclée. […] Le manteau est encore beau, la fourrure est belle, mais la tendance, elle, passe. Il faut le transformer.»
La coupe peut être rajeunie ou le manteau peut servir à confectionner d’autres morceaux par exemple.
Les critiques
Mme Mailhot-Côté est consciente des critiques entourant l’utilisation de fourrures animales.
«On dit qu’on ne peut plus porter la fourrure à cause des animaux, mais si l’animal est mort il y a 40 ans, pourquoi on continue d’acheter des manteaux en pétrole?»
Elle fait référence aux matières synthétiques. La femme d’affaires fait valoir qu’un manteau de fourrure bien entretenu peut durer 70 ans et est biodégradable.
Son autre défi est de réussir à renouveler sa clientèle. Elle remarque un décalage entre sa clientèle moyenne, la femme de 65 ans, et celle plus jeune. «La femme de 65 ans qui a son manteau depuis les années 1980, qui l’a tout temps entreposé, tout le temps nettoyé, c’est comme un bijou qui est précieux pour elle, illustre-t-elle. Les jeunes aujourd’hui sont habitués d’acheter des vêtements en ligne, «la fast fashion», ils n’ont pas la même façon de consommer.»
Elle et son équipe s’envoleront pour Cannes en France au mois de mars puisqu’elle a été invitée à participer à l’événement Reich’Arts, qui vise à faire la promotion de jeunes talents dans le domaine de la mode. «On est en train de préparer des pièces, j’essaie de penser la fourrure pas juste en manteau. On va faire des genres de maillots avec des manches de fourrures», explique l’entrepreneure.