Une Châteauguoise dans le rôle de Marc Lépine dans la pièce «The Anorak»

le dimanche 1 décembre 2024

Le 6 décembre 1989, le pire féminicide de l’histoire du Canada, la tuerie de Polytechnique, survenait. Lisa McCormack tient le rôle du tueur, Marc Lépine, dans la pièce The Anorak actuellement à l’affiche au Centre communautaire Monkland. Un défi pour l’actrice de Châteauguay, mais surtout un pied de nez pour le meurtrier.

(English version :The Anorak : A Chateauguay woman in the role of Marc Lépine)

«C’est vraiment un statement qui parle de lui-même de confier le rôle de Marc Lépine à une femme, soutient l’actrice. Quand j’ai vu l’annonce pour une comédienne pour ce rôle, j’étais intriguée, mais en même temps, j’avais peur. Je ne voulais pas donner une voix au tueur.»

La pièce The Anorak a été écrite en 2004 par Adam Kelly. Elle raconte le point de vue de Marc Lépine, qui a tué 14 femmes avant de se suicider.

«J’ai discuté avec l’auteur et metteur en scène pour lire l’histoire; j’aime la façon de la raconter. La pièce présente une analyse de son état mental. Pour essayer de faire comprendre son geste. Mais en même temps, il n’y a aucune excuse à ce qu’il a fait.»

58 pages de textes

Au-delà du fait qu’une femme endosse le rôle de Marc Lépine, il y a ce personnage à jouer qui n’attire aucune sympathie.

«J’ai en quelque sorte canalisé le personnage pour raconter l’histoire, a-t-elle expliqué. Ma voix et mon corps sont utilisés. Si je le fais correctement, je ne suis qu’un vaisseau pour raconter l’histoire. Ce n’est pas forcément moi, Lisa, qui raconte l’histoire, mais le vaisseau qui porte l’histoire.»

Outre le tueur, elle joue 14 autres petits rôles dans la pièce de 90 minutes. Seule sur scène, avec des monologues nombreux au terme des 58 pages de texte. Le défi est physique et émotif pour l’actrice qui adore monter sur scène pour raconter des histoires qui font réagir.

Toujours d’actualité

Trente-cinq ans après les événements, Lisa constate avec regret que la situation n’a pas trop changé. «Je vois, dans le monde dans lequel on vit, que la pièce est toujours pertinente, concède-t-elle. Il y a encore beaucoup de féminicides au Québec. C’est un problème.»

Elle était âgée de 10 ans au moment de la tuerie. Elle se souvient de la médiatisation qui avait suivi et avoir été marquée légèrement.

Avec le temps, et à partir de recherches, elle a constaté que la tuerie de Polytechnique avait eu beaucoup plus d’impact. «Les gens se rappellent où ils se trouvaient quand ils ont appris l’histoire», soutient-elle. 

La pièce est jouée en anglais jusqu’au 8 décembre au Centre communautaire Monkland. Le 6 décembre, Lisa McCormack se rendra au mémorial sur la montagne. «C’est important pour moi d’honorer les victimes et de témoigner du respect à leur famille», a-t-elle assuré.