À bout de bras ! À bout tout court !

le mercredi 21 octobre 2015

Je pense que le temps est venu… C’est long, mais si court à la fois… À bout de bras! À bout tout court! C’est tabou que de dire les choses telles qu’elles sont? Nous sommes à bout!

Depuis plus de 20 ans, j’enseigne au primaire. J’en ai vu passer des partis politiques, des réformes, des grèves, des négociations… Plus de 20 ans sans réelle reconnaissance. J’ai aussi vu passer des cohortes d’enfants, des parents, des beaux-parents, des grands-parents… Plus de 20 ans avec souvent beaucoup de reconnaissance.

Depuis plus de 20 ans, je vois des enseignants qui se donnent sans compter (vraiment!) afin de faire une différence dans la vie de chacun des enfants. Sans compter, chaque jour, le matin avant les cours, au dîner, le soir à la maison une fois leurs propres enfants couchés, les fins de semaine, les vacances de Noël ou d’été… Ils se dévouent bénévolement… Juste question de les allumer, de les rassurer, de les motiver afin qu’ils croient en eux… Tsé la confiance, ça peut mener loin!

La confiance des enseignants dans le système d’éducation règne de moins en moins, gracieuseté de l’incompréhension du gouvernement… Le dégoût s’installe. Non seulement les enseignants se questionnent sur l’atteinte de l’équilibre mental (ou budgétaire?) de leurs dirigeants, mais les parents aussi sont inquiets car ils réalisent qu’il y a un non-sens…

Le non-sens réside dans ce que le gouvernement prône fièrement sur son site Web: Les élèves ont besoin de savoir que nous sommes derrière eux et que nous croyons en eux, que nous sommes solidaires de leurs efforts et fiers de leur réussite. Une réalité, un objectif, des moyens: soyons les partenaires de la réussite scolaire de nos enfants. (Lutte contre le décrochage et réussite scolaire, http://www.education.gouv.qc.ca/…/lutte-contre-le-decrocha…/).

Versus ce qu’il souhaite réellement faire par ses propositions patronales: Augmentation du nombre d’élèves: le gouvernement maintient sa volonté d’augmenter le nombre d’élèves par groupe et ainsi d’alourdir la tâche des enseignantes et enseignants. Ce faisant, les élèves, qui seront plus nombreux dans les classes et pour lesquels les services sont déjà réduits ou carrément inexistants, seraient aussi les perdants de cette proposition patronale. (http://www.lafae.qc.ca/…/comm_FAE_20150923-_une_proposition…).

De ce non-sens (qui n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de cette hypocrisie gouvernementale), on peut logiquement conclure, parents et enseignants, que l’argent est prioritaire et que nos dirigeants sont complètement déconnectés de la réalité scolaire.

Je fais partie de ceux et celles qui sont découragés par la girouette politique qui s’entête aveuglément, à chaque nouvelle élection, à considérer nos enfants comme des signes de piastres. Nos enfants sont notre avenir et méritent tellement mieux que cette économie de bouts de chandelle proposée dans les offres patronales en période de négociation.

Parents, je souhaite de tout cœur que vous consacrerez votre temps à nous aider à rétablir un peu de sens et à nous appuyer, nous enseignants, qui ne voulons que des conditions de travail qui soient dans le meilleur intérêt de vos enfants.

Collègues à bout de souffle, je nous souhaite la reconnaissance longuement méritée et des conditions dignes de la volonté qui nous habite pour continuer à raviver la flamme dans ces milliers de petits cerveaux.

Gouvernement: «Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent» (Antoine de Saint Exupéry). Dessinez-leur un avenir! Vos décisions sauront témoigner de vos priorités et resteront longtemps dans le souvenir de notre future génération.

Tsé la confiance, ça peut mener loin!

À bout de bras! À bout tout court!

Sylvie Michel, enseignante à la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries