LA PRAIRIE. Des familles de La Prairie et Saint-Philippe se préparent à accueillir deux mamans et leurs enfants qui ont quitté l’Ukraine pour fuir la guerre. Elles espèrent que ces réfugiés trouveront la quiétude nécessaire pour se reconstruire loin des bombes et des atrocités auxquelles ils ont assisté.

Pour Michel Reynaud, ne pas offrir son aide au peuple ukrainien «aurait équivalu à une complicité pour meurtre». Il lui était inconcevable de regarder les nouvelles sans agir, partage-t-il.

«À 6 000 km de nous, des gens se font tirer à bout portant. C’est mon devoir de les recevoir rapidement. Ils n’ont pas le luxe d’attendre une semaine de plus!» estime-t-il. 

Les deux chambres vacantes de sa maison à Saint-Philippe serviront bientôt de nouvelle maison à Irina et ses deux enfants de 4 et 7 ans. Ils doivent atterrir à l’aéroport de Montréal le mercredi 13 avril en provenance de Pologne, où ils se sont réfugiés dès les premières attaques, informe le bon Samaritain.

«Malgré un éventuel traité de paix, leur pays ne sera qu’un champ de ruines. Ils pourront donc rester ici tant que ce sera nécessaire. Ma conjointe et moi ne réclamons pas de pension à Irina, et c’est elle qui a payé ses billets d’avion», précise-t-il.  

Ils ont affiché leur candidature en tant que famille d’accueil sur un site Web spécialisé en demandes de refuge, expliquent-ils. Irina, dont la sœur se trouve toujours en Ukraine, a répondu à leur appel il y a environ un mois. Le couple de Saint-Philippe l’a épaulée dans la paperasse, bien qu’elle ait elle-même entrepris des démarches lorsqu’elle a fui son pays.

Puis, il contactera bientôt le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, fait-il savoir, dans l’espoir de trouver deux places à l’école primaire à Saint-Philippe. Le couple souhaite également inscrire les enfants à un camp de jour, si possible.

Jusqu’à présent, M. Reynaud et la maman ont seulement discuté via Facebook, en anglais. Chacun a envoyé des photos à l’autre pour s’assurer des bonnes intentions de tous, souligne celui qui souhaite leur offrir un havre de paix.

Contraste

Pour sa part, Evgenia Mushkatin a conversé avec sa nouvelle colocataire par appel vidéo. Celle-ci tenait absolument à visiter virtuellement son futur chez-soi à La Prairie.

«Des escrocs profitent de la situation actuelle pour effectuer du trafic humain ou attirer des réfugiés dans des réseaux d’exploitation sexuelle», explique Mme Mushkatin.

Ce que l’Ukrainienne a observé l’a rassurée, voire ébahie, raconte la Laprairienne.

«Elle a vu à quel point le quartier est calme, paisible et sécuritaire. Elle s’étonnait qu’une voiture ne passe que de temps en temps», relate celle qui l’attend avec ses fils de 4 et 9 ans d’ici la fin du mois d’avril. Ceux-ci se trouvent au Portugal avec d’autres réfugiés qui ont emprunté un corridor humanitaire à pied. Le conjoint qui doit se battre, puisqu’il respecte les critères de son pays, est resté derrière.

«J’ai moi-même reçu l’aide d’une famille étrangère pour sortir de l’Union soviétique lorsque je suis partie pour finalement immigrer au Canada, confie Mme Mushkatin, d’origine ukrainienne. C’est à mon tour de le faire.»

Abonnée à divers pages d’entraide sur les réseaux sociaux, la Laprairienne a publié sur l’une d’elles son offre d’accueillir une famille.

«J’ai une chambre, de la nourriture et tout pour leur fournir les besoins de base, détaille celle qui a aussi obtenu une place pour le plus vieux dans une école primaire de la région. Il ne manque qu’une place en garderie pour le garçon de 4 ans. J’ai cogné à plusieurs portes, sans succès.»

À son arrivée au Québec, la maman ukrainienne veut s’inscrire à des cours de français afin de se dénicher un emploi dans les ressources humaines, comme dans son pays natal, indique Mme Mushkatin.

Vague de générosité

M. Reynaud et Mme Mushkatin ont constaté la générosité de la communauté. À la suite de la publication d’annonces sur des réseaux sociaux locaux, ils ont reçu une multitude de dons, dont des jouets et un lit superposé pour les deux garçons qui arriveront à La Prairie. Des résidents de cette ville ont aussi offert de leur temps pour divertir les enfants, au plus grand plaisir de la famille d’accueil. Pour le moment, ils ont suffisamment de vêtements et d’items, ont-ils précisé.