Article par William Clavey
Dernièrement, Acura semble avoir perdu son élan. Pourtant, dans les années 90, la division haut de gamme de Honda avait le vent dans les voiles avec sa supervoiture, la NSX, sa berline de luxe, la Legend et sa petite bombe sportive, l’Integra.
Mais aujourd’hui, les marques de luxe qui ne sont pas allemandes souffrent beaucoup au palmarès des ventes. Les Japonais, bien que compétents dans leur ensemble, semblent dépassés par le niveau de sophistication des marques européennes, sans oublier l’effet prestigieux de leur écusson – un élément qui compte beaucoup pour les consommateurs.
En 2015, Acura a annoncé le retour de la NSX, et Honda revenait en formule 1. On promettait ensuite de réinjecter l’identité phare qui a rendu Acura si populaire il y a 25 ans. On proposait le retour d’une marque jeune, cool et dynamique, une véritable division de luxe qui offrirait bien plus que des Honda Accord ornées d’une grille chromée.
Le RDX 2019, repensé d’un pare-chocs à l’autre, est le premier véhicule de ce nouvel air. Et on doit avouer qu’il nous a fortement impressionnés.
Un gros vendeur Par chance, les VUS d’Acura jouissent toujours d’une excellente performance de vente en raison de leur alléchante proposition valeur-prix.
Bien que le segment des VUS compacts de luxe soit énormément contingenté avec des produits comme le Lexus NX, l’Infiniti QX50, le Cadillac XT5, le Lincoln MKC, le BMW X3, le Mercedes-Benz GLC, l’Audi Q5, le Jaguar F-PACE, l’Alfa Romeo Stelvio et même le Porsche Macan, le petit Acura réussit tout de même à survivre non parce qu’il est plus luxueux, ni plus performant que ses rivaux, mais parce qu’il se vend au prix d’un VUS de luxe sous-compact, tout en profitant d’une réputation de fiabilité établie.
Le problème, c’est qu’en 2019, tout ça n’est plus assez… Une marque de luxe doit être affirmée et distinguée, tout en offrant plus aux consommateurs. À ce niveau, l’une des grandes lacunes du RDX de dernière génération, c’est que son cousin mécanique à prix inférieur, le Honda CR-V, était un véhicule plus dynamique et raffiné. Surtout, le RDX, bien qu’il soit un bon produit dans son ensemble, manquait de piquant.
Or, pour la première fois depuis des lunes chez Acura, ce nouveau RDX de troisième génération repose sur une toute nouvelle plate-forme exclusive au constructeur. Elle n’emprunte rien aux véhicules de Honda. C’est une structure composée d’acier renforcé à plus de 50% et qui mise sur des adhésifs structurels dans l’optique de la rendre plus solide et silencieuse que sa devancière.
Plusieurs améliorations ont également été apportées afin de réhausser les prouesses dynamiques du RDX, comme des supports de suspension entièrement repensés à l’arrière du véhicule, et que l’on ne retrouve que sur le RDX, leur permettant de mieux répartir les impacts de la route. On retrouve même une poutre transversale de la grosseur d’un « deux par quatre » qui passe sous le coffre du véhicule!
Côté motorisation, le RDX 2019 laisse tomber son V6 atmosphérique en faveur d’un quatre cylindres turbo de 2,0 litres délivrant 272 chevaux et un couple de 280 lb-pi, soit 28 lb-pi de plus que le défunt V6. La base de ce moteur est partagée avec la Honda Civic Type R et la Honda Accord. Même chose au niveau de la boîte de vitesses, on passe à l’excellente automatique à dix rapports, entièrement développée par Honda. On la retrouve aussi dans l’Accord et l’Odyssey.
Notre modèle d’essai était la déclinaison A-Spec, se détaillant 52 480 $. Il incorpore une panoplie d’options aidant à réhausser la nouvelle image sportive du RDX, comme des pare-chocs repensés, une grille, des phares et des jantes de 20 pouces noircis, des phares antibrouillards à DEL et une chaîne audio prémium de marque ELS. Et n’oublions surtout pas le Bleu ultime nacré, une couleur exclusive à la déclinaison A-Spec, qui lui va, on va se le dire, à ravir!
L’effet « wow »! En tant que journalistes, il est difficile de nous impressionner avec une bagnole, on en conduit tellement par année! Mais le RDX nous a épatés, tant par son habitacle stylisé, bien assemblé et étonnement silencieux, que par sa tenue de route remarquable. Dès le premier tour de volant, on s’aperçoit immédiatement que le nouveau châssis rigide et réactif est enfin dans la même veine que les meilleurs produits allemands, et que le renommé rouage intégral SH-AWD ne tarde pas de faire pivoter le train arrière, permettant au petit VUS de réaliser des prouesses dans les virages, à un tel point qu’il en est même amusant à conduire!
Et on n’a rien à dire au sujet du duo boîte automatique à dix rapports / moteur turbo. Bien qu’il soit pourvu d’une sonorité banale, pouvant vite devenir fatigante à plein régime, ce quatre cylindres est costaud, doux et livre une puissance linéaire, sans délai de turbo fâcheux.
La boîte automatique est de loin la meilleure jamais offerte par le constructeur. Elle rétrograde rapidement, passe au prochain rapport en douceur et sait comment s’adapter aux trois modes de conduite proposés : Comfort, Sport et Sport +, des modes qui alternent le caractère du VUS.
Du caractère, le RDX en a, et ça fait du bien, car c’est ce qui manquait à la marque Acura. Bref, on ressent que le RDX est un véhicule unique et non un VUS Honda revampé.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que le RDX continue d’être une belle aubaine dans le créneau. Il vient de série avec une panoplie d’accessoires normalement optionnels chez la concurrence, comme un toit panoramique, la suite complète de technologies d’aide à la conduite AcuraWatch et un borne Wi-Fi 4G LTE (sur abonnement). Et son espace de chargement total de 2 260 litres est nettement supérieur à celui d’un Audi Q5 (1 550 litres) et d’un BMW X3 (1 600 litres).
Le pavé de l’enfer Acura a tenté d’améliorer son désastreux système multimédia à deux écrans par un tout nouveau système à un seul écran. Au niveau de l’interface, ça va, celle-ci est de toute beauté, simple et épurée, disposant de grandes icônes claires. Hélas, les choses se g&
acirc;tent lorsque vient le temps de s’en servir… Afin de diminuer les distractions au volant, Acura intègre un pavé tactile pour dupliquer les commandes tactiles de l’écran.
C’est la seule manière de se servir du système, mais nous y voyons deux problèmes : primo, le pavé est beaucoup trop sensible et le fait de mémoriser l’emplacement de chaque commande, surtout en conduisant, s’avère distrayant et contre-intuitif. Secundo, c’est le manque de touches rapides pour accéder à des menus, comme la chaîne audio ou la carte de navigation. Le résultat est un système maladroit, frustrant et qui cause plus de distractions qu’il n’en réduit!
On reproche aussi à banquette arrière du RDX de laisser un dégagement pour la tête un tantinet serré en raison de la forme du toit du véhicule, mais nous n’avons rien à dire au sujet du plancher presque plat qui permet un dégagement pour les jambes optimal.
Outre ces bémols, nous adorons l’Acura RDX 2019. À nos yeux, il représente un excellent point de départ pour la réincarnation d’une marque entière qui a perdu un peu de son identité ces dernières années. Acura doit donc continuer sur cette lancée afin de demeurer pertinente aux yeux des acheteurs de véhicules de luxe.