Adieu pont Mercier !

le jeudi 6 septembre 2018

Avec la congestion, emprunter le pont Mercier est un enfer pour plusieurs automobilistes. Deux résidents de Roussillon ont carrément changé d’emploi pour demeurer sur la Rive-Sud afin d’éviter la traversée vers Montréal.
Yannick St-Louis a fait la route matin et soir, de La Prairie au centre-ville de Montréal, pendant une dizaine d’années.
«Quand j’ai eu des enfants, ç’a commencé à être de plus en plus difficile», affirme-t-il.
Le résident de La Prairie raconte que même en quittant le bureau à 16h30, il était difficile pour lui d’être à l’heure pour aller chercher ses enfants à la garderie, qui ferme à 18h. Le père de deux jeunes enfants payait donc des frais de retard, «qui finissent par s’accumuler et coûter cher».
Contrairement à M. St-Louis qui travaille en finances, sa femme, biologiste, n’a pas la possibilité d’avoir un horaire flexible ou de trouver un poste ailleurs. Le couple a même pensé à déménager à Montréal à un certain moment.
«On a beau demander à nos employeurs d’être flexibles, il y a une limite», reconnaît-il.
M. St-Louis n’en pouvait plus de dépenser temps et énergie, en plus d’être tendu au quotidien. Il a finalement pris la décision de trouver un nouvel emploi. Il a déniché un boulot à Saint-Hubert il y a deux ans, puis à Brossard plus récemment.
«On a essayé tous les chemins et les alternatives qui existent, incluant le transport en commun, et rien ne fonctionnait. Dès qu’il y avait de la pluie, un flocon de neige ou un accident, j’arrivais en retard.»
-Yannick St-Louis
Il est soulagé tous les jours de ne plus avoir à emprunter les ponts. Il dit avoir essayé toutes les options.
Emploi de rêve, trajet cauchemardesque
Katherine Théoret avait l’habitude de faire le trajet de Candiac à Lasalle pour ses études, mais jamais aux heures de pointe.
Lorsque la jeune femme de 25 ans a trouvé un emploi dans son domaine en comptabilité à LaSalle, elle était comblée.
«Je me disais que ce ne serait pas si pire que ça, puisque je devais prendre la sortie Airlie, mais j’appréhendais tout de même le trafic matinal sur le pont», confie la résidente de Candiac.
Mme Théoret a cependant compris que ça ne fonctionnerait pas dès sa première journée de travail, le 26 juin.
«Ce matin-là, je me suis levée à 5h. Je suis allée porter mes enfants à la garderie à 7h et j’ai pris la direction de LaSalle. Au bout d’une heure, je n’avais toujours pas passé le pont et le GPS m’indiquait encore un bon 45 minutes de trajet», se souvient-elle.
Elle a fait demi-tour et a contacté son nouvel employeur pour lui dire qu’elle renonçait à l’emploi qu’elle venait d’obtenir.
Mme Théoret n’a pas envisagé le transport en commun puisque «ça aurait été trop compliqué et trop long», souvient-elle.
En vérifiant les autres chemins possibles, le trafic était similaire ou le temps de voyagement était encore plus long.
«J’avoue avoir pleuré un peu, dit-elle en riant, ma qualité de vie et familiale aurait vraiment été affectée. Je ne voulais pas être stressée sans cesse.»
Mme Théorêt a eu de la chance. Elle a décroché un emploi qu’elle adore dans sa ville, le lendemain.
«J’avais peur de ne rien trouver d’autre ou de me retrouver avec un emploi que je ne voulais pas, mais je n’ai même pas eu le temps de regretter ma décision», se réjouit-elle.
Emplois locaux privilégiés
L’histoire de ces deux résidents n’est pas une exception. Les travailleurs sont nombreux.
«Il y a définitivement un plus grand nombre de candidatures de gens qui sont à proximité de l’usine et qui veulent se rapprocher professionnellement de leur lieu de résidence», confirme Myriam Guindon, agente aux ressources humaines chez Cascades Groupe Tissu à Candiac, un des plus gros employeurs de la région.
Pour M. St-Louis, travailler sur la Rive-Sud est la solution et les employeurs emboîtent le pas, croit-il.
«Où je travaille, il y a des bureaux à Montréal, mais ils en ont ouverts à Brossard et à Laval. Ils ont compris qu’en allant en région, ils pouvaient attirer des employés qui ne voudraient pas aller au centre-ville», dit-il.
Automobilistes qui travaillaient dans l’agglomération de Montréal en 2011
-Saint-Constant: 76,1%
-Sainte-Catherine: 80,1%
-Saint-Philippe: 79,6
-Candiac: 71,5%
-Delson: 69,8%
-La Prairie: 66,3%
Source: Observatoire grand Montréal
Durée du trajet domicile-lieu de travail des automobilistes dans la MRC de Roussillon
-Moins de 15 minutes: 22%
-15 à 29 minutes: 25%
-30 à 44 minutes: 13%
-45 à 49 minutes: 11%
Source: Statistiques Canada