Allergies : des arachides transportées par un écureuil inquiètent

le vendredi 3 septembre 2021

Nourrir les animaux comme les écureuils ou les oiseaux avec des aliments allergènes tels que des noix peut représenter un risque pour les gens qui vivent avec des allergies sévères. Une Candiacoise ayant récemment fait face à une situation semblable souhaite sensibiliser les citoyens à cette réalité. 

Âgée de 10 ans, la belle-fille de la dame qui préfère ne pas être nommée est allergique aux arachides. La présence de celles-ci sur son terrain, qui ont été transportées par un écureuil alors qu’une personne du quartier en avait déposées pour l’animal, lui a fait réaliser que «plusieurs personnes n’y pensent tout simplement pas». 

C’est en jardinant qu’elle a d’abord trouvé les noix. Elle continue d’en dénicher puisque les écureuils les ont dissimulées sous la terre et creusent pour les ressortir.  

«Ils en laissent sur notre balcon où la petite joue et il y en a plein dans le gazon. On doit donc l’empêcher d’y aller», déplore-t-elle. 

Chez Allergies Québec, on remarque qu’il s’agit d’une inquiétude de plus en plus présente. 

«On en entend parler davantage. Depuis le début de la pandémie, on s’intéresse peut-être plus aux animaux sauvages et on s’occupe d’eux. On est plus à la maison, donc on s’y attarde», croit Dominique Seigneur, porte-parole.

Elle soulève que l’organisation reçoit aussi des questions en période estivale au sujet des engrais, qui contiennent des crustacés ou des coquilles d’œuf, soit des allergènes. 

Mme Seigneur souligne que les allergies alimentaires touchent 300 000 personnes au Québec, dont deux fois plus d’enfants que d’adultes. 

«C’est donc normal que ce genre de choses préoccupe, puisque les enfants sont vulnérables lorsqu’ils ne savent pas réellement l’ampleur de leur condition», fait-elle valoir.

«Les gens ne réalisent pas en nourrissant les animaux sauvages que les graines peuvent être un risque.» 
-Dominique Seigneur, Allergies Québecr
 

Sensibiliser

Mme Seigneur explique qu’heureusement, les parents d’enfants allergiques sont souvent hypervigilants.  

«C’est mon cas. Ma fille a des allergies et même avant la COVID-19, on nettoyait tout et on faisait beaucoup de prévention», confie-t-elle. 

Ainsi, c’est davantage la population générale qu’il faut sensibiliser, à son avis.

«On peut effectivement créer un danger si on utilise des noix ou des arachides quand on nourrit des animaux à l’extérieur, mais il faut relativiser», affirme-t-elle. 

Le réel danger est présent surtout si les enfants allergiques prennent l’allergène dans leurs mains ou le portent à leur bouche. Si, par exemple, une arachide se retrouve dans un potager comme ç’a été le cas à Candiac, il faut entre autres laver les légumes ou autres qui auraient pu avoir été touchés. 

«C’est la même chose avec l’engrais. Oui, c’est un risque, mais si on est prudent, on l’éteint», fait savoir Mme Seigneur. 

Sa fille a déjà eu des réactions en jouant avec un ballon. Elle ne minimise ou ne sous-estime donc pas le danger, puisque les petits réagissent davantage. 

«Il faut par contre faire attention au drame que ça peut devenir dans une vie. C’est certain que c’est inquiétant, mais en sensibilisant les gens autour de nous, ça aide», soutient-elle. 

Effets de la pandémie?

Questionnée à savoir si le lavage des mains et la minimisation des contacts depuis le début de la pandémie ont entraîné une baisse des réactions allergiques, Mme Seigneur indique que les données ne sont pas encore disponibles à court terme. 

«Le contexte d’isolement et d’aseptisation rend notre système immunitaire moins actif. Ça peut créer des réactions plus fortes ou fausses s’il s’attaque à une mauvaise protéine qui s’avère être anodine», observe-t-elle. 

Cependant, la question s’aborde «des deux côtés, estime Mme Seigneur. On limite les contacts avec les allergènes, mais est-ce que se protéger autant aura un effet néfaste? C’est difficile à dire, puisqu’on sait maintenant qu’exposer les enfants aux allergènes [s’il n’y a pas de risque déjà connu] à un bas âge permet de développer une tolérance».