Amoureux et heureux sans sexe

le mercredi 10 février 2016

Est-il possible d’avoir une relation amoureuse durable sans que les partenaires s’intéressent au sexe? Sur le blogue de Caresses magiques, un témoignage d’une femme qui se dit frigide sort du lot par rapport aux autres histoires explicites racontées par différentes femmes.

«C’est comme s’il y avait consensus: tout le monde se masturbe, tout le monde a des orgasmes, tout le monde est libéré. Fuck off», écrit-elle anonymement.

Dans une société où la pornographie domine et où la sexualité fait partie de la culture populaire, l’asexualité demeure encore un tabou. La sexologue Véronique Boisvert, qui pratique à Delson, affirme que les consultations pour l’asexualité ne sont pas fréquentes. Les patients viennent plutôt chercher des recommandations pour un manque de désir.  

«L’asexualité est l’absence d’intérêt général pour la sexualité, tant physique, attirance pour l’autre ou fantasmatique, explique-t-elle. Le manque de désir implique qu’il y a eu ou qu’il y a peu de désir. La personne qui vient consulter sent que son désir sexuel n’est plus le même qu’il a déjà été, mais elle est quand même capable de ressentir du désir.»

Le vieillissement ou la durée d’une relation ne sont donc pas en cause dans l’absence d’intérêt pour la sexualité.

La sexologue Amélie Blanchette va dans le même sens.  

«En tant que clinicienne, je vois très rarement des personnes asexuelles. Comme elles n’ont pas d’intérêt envers la sexualité, elles ne désirent pas travailler cet aspect de leur vie», mentionne-t-elle.

Oui à l’affection, non au sexe

Être asexuel ne signifie pas qu’une personne ne peut pas ressentir d’affection envers son partenaire.

«L’absence de sexualité n’empêche pas de vivre l’amour. Cette personne peut ressentir des sentiments et les exprimer d’une autre façon, soient les câlins, les petites attentions, les soins et les paroles», affirme Mme Boisvert.

Si faire l’amour procure des plaisirs physiques, l’acte possède aussi ses effets relationnels, que les couples peuvent aller chercher d’une façon différente.

«L’asexuel peut mettre davantage l’accent sur d’autres plaisirs de la vie dans la mesure où l’asexualité n’est pas une protection contre une crainte ou un trauma. Elle n’est pas le symptôme d’une incapacité à se laisser aller au plaisir», rappelle-t-elle.

Sur la même longueur d’onde

Selon l’Association pour la visibilité asexuelle, les asexuels n’ont pas besoin d’essayer le sexe pour savoir qu’ils ne sont pas intéressés, comme les hétérosexuels, les homosexuels et les bisexuels n’ont généralement pas besoin d’avoir une relation sexuelle avec une personne de même sexe ou de sexe opposé pour connaître leur orientation sexuelle.

Une relation amoureuse peut s’épanouir sans la présence de sexualité au sein du couple, à condition que les deux soient sur la même longueur d’onde.

«La plus grande souffrance associée à l’asexualité est surtout relationnelle: difficile de trouver un ou une partenaire acceptant d’avoir une vie affective dépourvue de sexualité», affirme Mme Blanchette.

«Si un des partenaires trouve important de vivre une sexualité, c’est là que le sujet deviendra un enjeu de conflits», ajoute Mme Boisvert.

En quelques points

-Les personnes asexuelles n’ont pas une attitude négative à l’égard du sexe. L’absence d’intérêt différencie l’asexualité à l’abstinence, qui est plutôt un choix conscient motivé par des idéologies.  

-Selon l’Association pour la visibilité asexuelle, l’asexualité peut être considérée comme une orientation sexuelle. Les personnes asexuelles éprouvent une attirance romantique genrée. Elles se décrivent comme hétéromantique, homorantique ou biromantique.

-Il est encore difficile de statuer sur le pourcentage de personnes qui se définissent comme étant asexuelles. Une étude parue en 2004 dans le Journal of Sex Research par Anthony Bogaert suggère qu’elles représentent 1% de la population.

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