Anouk veut jaser de la santé mentale

le mercredi 17 août 2022

Rendre une expérience négative en une situation positive, voilà ce que la jeune Châteauguoise Anouk Robert et sa famille voulaient faire lorsqu’ils ont lancé le projet Un vêtement pour jaser. L’initiative vise à briser la stigmatisation entourant la santé mentale à travers le dialogue.

Des pleurs, des cris, des maux de ventre. Les parents d’Anouk ne savaient pas quoi faire. Leur fille, qui avait 14 ans lorsque l’histoire a commencé en octobre 2020, ne voulait plus aller à l’école et elle ne disait pas pourquoi. Au bout d’un mois, l’ado a finalement dévoilé ce qu’elle vivait, soit de l’intimidation de la part de certains camarades. Elle avait également reçu une très mauvaise note en français alors qu’elle avait fait des efforts pour réussir son travail. 

«Anouk, c’est une jeune fille qui chante, qui danse, qui dessine, qui fait des arts martiaux, relate sa mère, Patricia Roy.  Là, on avait un corps qui se promenait dans la maison, vide. Elle ne riait pas, elle ne dansait pas, elle ne chantait pas, elle ne voyait personne, vraiment pas d’éclat dans les yeux, rien.»

Ce qui a suivi est un processus de guérison qui a duré plus d’un an. Anouk a pu retourner sur les bancs d’école après six mois d’absence et reprendre son secondaire 2. Le tout, grâce au soutien des intervenants de l’école Marguerite-Bourgeois, des psychologues, de son pédiatre, de la médication et d’une famille tissée serrée, indique-t-elle.

Pour «boucler la boucle», l’adolescente et sa famille ont voulu faire du bien dans la communauté. Mme Roy, qui avait de l’expérience en gestion d’une boutique virtuelle de produits artisanaux, a pensé à créer des vêtements qui encouragent les conversations sur la santé mentale. Anouk, ses parents et ses deux sœurs ont réfléchi aux valeurs qu’ils voulaient transmettre sur leurs chandails et coton ouatés.

Une entreprise familiale pour une bonne cause

En janvier 2022, la famille a lancé sa série de vêtements unisexe qui portent des phrases issues du processus de rétablissement de l’adolescente. Ils les vendent dans des marchés publics et salons à travers la région. Pour chaque chandail vendu, cinq dollars sont remis à l’organisme L’Accolade, qui vient en aide à l’entourage des personnes ayant des troubles de santé mentale. Le 31 mai, la famille a fourni à l’organisme châteauguois un chèque de 400 $ et devrait lui en donner un autre pour le même montant d’ici la fin de l’année.

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Anouk entourée de ses sœurs Karianne et Frédérique et de ses parents Michel Robert et Patricia Roy. Toute la famille participe au projet. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)

Le chandail préféré d’Anouk est celui qui dit Un jour à la fois. «C’est une phrase que mes parents et la psychologue me disaient très, très, très souvent, confie Anouk. Les chandails, c’est pour inciter les gens à discuter dans le non-jugement et le respect de tout ce qui leur arrive.»

Elle raconte son histoire aux gens qui viennent les voir à leur kiosque. Anouk veut surtout leur communiquer «qu’il y a une sortie à ça». À leur tour, les gens partagent leurs propres expériences en lien avec l’intimidation, la santé mentale, et même la violence conjugale.

«Ce sont des semaines remplies d’émotions, exprime sa mère. Les gens sont vraiment ouverts.»

Des besoins grandissants chez les jeunes

Daniel St-Jacques, technicien en éducation spécialisée à l’école secondaire Marguerite-Bourgeois, a accompagné Anouk tout au long de cette période difficile. Il a été très ému lorsqu’elle lui a donné en cadeau un de ses chandails et raconté à quel point il avait formé une partie intégrale de l’initiative familiale, sans le savoir, indique-t-il.

Selon M. St-Jacques, le projet a le potentiel «d’aller très loin» car il peut montrer aux gens qu’il y a de l’espoir en bout de ligne pour les jeunes s’ils sont prêts à se confier aux professionnels.

Ce dernier a remarqué des besoins en santé mentale grandissants chez les jeunes. «Au niveau de la détresse, au niveau des besoins de se faire écouter, il y a une augmentation significative depuis le début de la pandémie», fait-il savoir.

Les intervenants de l’école Marguerite-Bourgeois porteront d’ailleurs l’un de chandails d’Anouk qui lit Mon oreille t’écoute dès le début de l’année scolaire, ajoute-t-il avec fierté.

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Les intervenants de l’école Marguerite-Bourgeois. (Photo gracieuseté)