Après avoir été condamnée à l’euthanasie : Kyra trouve une vie meilleure à Saint-Philippe

le mardi 28 novembre 2017

Par Jonathan Tremblay
Responsable de la mort d’un petit chien en octobre 2016, un Staffordshire terrier américain de 36 kg (80 lb) a été rendu à sa famille, après un jugement du tribunal.
Il s’agit d’une victoire après un long combat d’un peu plus d’un an impliquant des milliers de dollars pour les propriétaires de Kyra, Carol-Ann Marseguerra et Bruno Quesnel, qui ont pu retrouver leur animal le 16 novembre.
Ces derniers ont depuis cédé Kyra à des connaissances, un couple de Saint-Philippe et leur fille de 16 ans. Selon Mme Marseguerra, Kyra y sera en contact avec sa mère, sa sœur et son frère.
«Pour sa santé mentale, avec l’année qu’elle vient de passer, je préfère qu’elle puisse avoir une vie plus agréable que de porter une muselière à panier [sur les voies publiques], affirme-t-elle. Elle y sera plus heureuse. À Brossard, elle a son étiquette de chien dangereux. Maintenant, elle se trouve dans un lieu où les chiens de type pitbull sont acceptés!»
La Ville de Brossard s’est dite déçue de la décision rendue par le juge Thomas M. Davis, du tribunal de Longueuil. Elle considérait Kyra, le nom de l’animal, comme un chien dangereux et réclamait son euthanasie.
 
Rappel des événements
Comme le rapportait le Brossard Éclair en février, les documents déposés au palais de justice de Longueuil par Carol-Ann Marseguerra et son conjoint mentionnaient que Kyra se trouvait sur le terrain de l’immeuble à condos de sa propriétaire le 5 octobre 2016. Bruno Quesnel tenait alors l’animal en laisse, mais sans muselière.
Un petit chien attaché à une laisse rétractable – interdite selon le règlement municipal de Brossard – se serait alors approché du Terrier américain en jappant.
«Ça soulage de remporter une cause contre la Ville de Brossard, surtout dans le cas d’un chien pitbull!»
– Carol-Ann Marseguerra, copropriétaire de Kyra
Selon le rapport de police déposé en preuve, Kyra aurait mordu la patte, puis le ventre du chien. M. Quesnel aurait tenté de séparer les deux animaux, sans succès. L’autre chien a succombé à ses blessures.
Kyra avait été saisie et Bruno Quesnel s’était vu remettre un constat d’infraction pour morsure de chien.
Les policiers avaient jugé que le règlement imposant des restrictions particulières aux pitbulls se trouvant déjà sur le territoire de Brossard ne s’appliquait pas. Le règlement oblige l’utilisation d’une muselière lorsque ces chiens sont sur la voie publique. Or, Kyra se trouvait sur le terrain de son domicile au moment de l’attaque. Toutes les autres exigences spécifiques aux pitbulls avaient également été respectées par les propriétaires.
Une semaine plus tard, les policiers s’étaient ravisés, à la demande de l’inspecteur de contrôle des animaux de la Ville, Manix Jean-Baptiste, alors nouvellement en poste, qui leur demandait d’appliquer le nouveau règlement. M. Jean-Baptiste n’est aujourd’hui plus à l’emploi de la Ville.
Bruno Quesnel avait ainsi reçu un second constat d’infraction et, le 4 novembre, Carol-Ann Marseguerra avait été avisée que sa chienne serait euthanasiée.
 
Agression de prédation
Selon une évaluation faite à la demande de la Ville par la vétérinaire Isabelle Demontigny-Bédard, Kyra démontre une «agression de prédation» envers les petits chiens, qu’elle semble percevoir comme des proies. Elle ne représenterait toutefois pas un danger pour les gros animaux ou les humains adultes. Le rapport proposait d’éviter que Kyra se retrouve sans surveillance près d’un enfant ou d’un petit animal.
«De très jeunes enfants peuvent aussi être perçus comme des proies par des chiens présentant de l’agression de prédation», indiquait la Dre Demontigny-Bédard dans son rapport.
Selon la requête déposée à l’époque par Carol-Ann Marseguerra pour empêcher l’euthanasie de sa chienne, il s’agissait de la première fois que cette tendance se manifestait chez Kyra. Mme Marseguerra est d’ailleurs propriétaire d’un chihuahua qui n’a jamais été importuné par le pitbull.
La propriétaire avait obtenu une seconde expertise d’un autre vétérinaire, qui arrivait aux mêmes conclusions que le premier.
Avec la collaboration d’Olivier Robichaud