Autistes et non-autistes : plus de connaissances pour mieux se comprendre

le mardi 28 mars 2023

S’il reste beaucoup de travail à faire en matière d’inclusion, la volonté n’en est pas la cause, selon Nathalie Sapina, directrice générale d’Autisme Montérégie. La connaissance est la clé. L’organisme a dévoilé une version révisée de son guide Autistes et non-autistes. Mieux se comprendre.

«Plus grande est la compréhension, meilleure est l’inclusion», a lancé d’entrée de jeu Mme Sapina, à la conférence à Longueuil, le 27 mars.

Présidente du CA d’Autisme Montérégie, Elisabeth Sabourin a dit s’impliquer pour la cause depuis 2018 en raison de sa fille Nora – âgée aujourd’hui de 13 ans – qui est une enfant autiste avec un haut niveau de fonctionnement.

«C’est surtout à cause de la réaction de ma famille que j’ai voulu m’impliquer», a-t-elle précisé.

La jeune Nora était si articulée – elle formulait des phrases complètes à deux ans – que la famille ne croyait pas au diagnostic lorsqu’il est tombé. «Ils m’obstinaient!» lance Mme Sabourin.

«C’est important de nommer la différence de ma fille, pour identifier ses besoins», a-t-elle signifié.

Directrice du CPE l’Attrait Mignon, Claudia Beaudin a aussi livré un touchant témoignage sur sa grande sœur Hélène, autiste avec une déficience intellectuelle. Un diagnostic qui a pris des décennies à venir.  

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Claudia Beaudin (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

Elle a avoué trouver difficile qu’encore aujourd’hui, leur mère ait honte d’être vue en compagnie d’Hélène, habitée par la peur du jugement. Enfant, la jeune Hélène a subi des électrochocs. «C’est pourquoi le guide est indispensable», a insisté Mme Beaudin. 

«Pour certains, une société inclusive est une utopie. Pour les personnes en situation de handicap, c’est un horizon.»
-Richard Marcotte, une personne autiste

Bonifié

L’outil créé en 2015 visait originairement à soutenir les adultes autistes. Au fil du temps, il est devenu un outil pour les enseignants, les organismes, les milieux de la santé et de travail.

Sa deuxième mouture est bonifiée de fascicules qui abordent ce que vivent les personnes autistes dans différents contextes comme les soins dentaires, les incendies, les premiers soins, les procédures judiciaires ou encore au travail.

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(Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

Le vocabulaire employé a aussi été mis à jour. Il est maintenant d’usage de dire «personne autiste», plutôt que «TSA» (trouble du spectre de l’autisme).

Le guide a été rédigé en collaboration avec des partenaires tels les trois CISSS de la Montérégie. Des professionnels tels hygiéniste dentaire et technicien ambulancier ont aussi été sollicités. 

Réactions différentes

Dans le document, des tableaux comparent les comportements des personnes neurotypiques et ceux des personnes autistes dans les relations sociales et le traitement de l’information, entre autres. Par exemple, une personne autiste verra les détails avant de voir l’ensemble, en entrant dans une pièce.

Le public a assisté, par vidéo, à un épisode de surcharge émotionnelle chez une femme autiste de 45 ans qui s’est filmée après avoir appris qu’à son cours de pickleball, un tournoi maison était organisé. Son débit est rapide, la panique se sent dans sa voix; elle est désarçonnée par cette nouvelle imprévue. 

«Des gens, qui sont super gentils, je n’ai rien contre eux, m’ont dit que tout le monde doit faire face au changement et que c’est normal. Mais moi, c’est sans aucune commune mesure», témoigne-t-elle.

La réorganisation de l’espace et l’émotion nouvelle de ses coéquipiers – un esprit plus compétitif qu’à l’habitude – ont suffi à la déstabiliser. Toutefois, en se parlant, en nommant ce qu’elle vivait, elle a réussi à poursuivre son cours, un peu plus calme. 

Le guide Autistes et non-autistes. Mieux se comprendre est disponible gratuitement sur le site Web d’Autisme Montérégie : www.autismemonteregie.org/guide-autistes-et-non-autistes

Pour une éducation (réellement) inclusive

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Richard Marcotte (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

Richard Marcotte, une personne autiste, a livré un plaidoyer bien personnel pour une société plus inclusive.
M. Marcotte a reçu son diagnostic à l’âge de 37 ans. Il a donc effectué son parcours scolaire dans des classes dites régulières. 

Dans son discours teinté d’humour, il a insisté sur l’éducation, qui est le meilleur moyen pour accéder à une société plus inclusive, mais, prévient-il, «sans tomber dans le piège de faire de l’inclusion seulement pour les statistiques». «Par exemple, en intégrant un élève en situation de handicap, sans rendre l’environnement adéquat pour lui.»

Il illustre qu’enfant, en raison d’une plus faible vitesse de traitement, il lui était très difficile de lire et prendre en note les leçons inscrites au tableau. Malgré ses demandes, l’enseignant refusait de lui accorder un plus long délai avant d’effacer les indications à la craie.

À l’instar d’autres élèves de sa classe qui, comme lui, auraient pu bénéficier d’une meilleure compréhension et adaptation de l’enseignant, Richard Marcotte considère aujourd’hui que des investissements pour une société plus inclusive bénéficient à tous.