Avant l’âge de raison

le mercredi 23 novembre 2016

Voici le billet du 23 novembre d’Hélène Gingras.

À quel âge voudriez-vous retourner vivre si c’était possible?

J’avais une discussion hypothétique avec quelqu’un récemment.

Il était question de revenir en arrière. À un âge que nous avons aimé. 

J’y ai réfléchi un peu par la suite. Et chaque fois, je reviens à la même conclusion. Autour de 10 ans.

Pour moi, c’était un âge parfait. Ma vie était parfaite. J’avais du fun. Dans toutes les sphères. Je profitais de tout sans me tracasser de rien. Sans jamais penser au lendemain.

Je n’avais aucune charge, aucune responsabilité.

À l’école, je réussirais très bien. J’étais une bonne première de classe. J’aimais ça aussi. Je n’avais pas besoin de travailler un peu plus fort dans telle ou telle matière pour réussir. Ni à me questionner sur mon futur choix de carrière.

J’avais aussi du succès dans les sports. Dès que j’arrivais de l’école, je déposais mon sac et je repartais pour jouer. Je faisais mille et une activités. Avec mes voisins surtout. Parce qu’il n’y avait que des garçons de mon âge qui demeuraient sur ma rue. Christian, Benoît ou Martin. Soit on jouait tous ensemble ou séparément, selon l’agenda de chacun.

Au hockey dans la rue principalement l’hiver ou au ping-pong dans le sous-sol chez Benoît. Pendant des heures. Jusqu’à ce que vienne le temps de dîner, de souper ou d’aller au lit. L’été, je pratiquais le basketball, le baseball. Je jouais à la cachette ou à kick la canne avec le reste de la rue. Parfois, mon ami Sylvain me prêtait son vélo de style motocross avec des suspensions. J’étais aux anges!

J’étais en forme. Je mangeais ce que je voulais. Sans cuisiner aucun repas ni lunch. Et je n’avais pas une seule livre en trop.  

Quand je posais ma tête sur l’oreiller, ma batterie se rechargeait comme par magie après quelques heures de sommeil. Au réveil, j’étais fraîche et dispos. Je n’avais jamais aucune mauvaise nuit. Ni tracas pour m’empêcher de dormir. Et encore moins de courbatures pour avoir pratiqué tel sport. Ou trop raclé le terrain.

Je n’avais pas non plus de problèmes à la maison. J’écoutais et je faisais ce que mes parents me disaient. J’obéissais. Sans rouspéter.

Je m’habillais sans égard aux marques. 

Par-dessus tout, je n’avais aucune conscience de l’importance de l’argent ni des classes sociales. Ni même des impôts!