Billet d’humeur : Amer avocat

le lundi 23 août 2021

Vivez-vous parfois de la culpabilité à manger santé?

J’adore les avocats. Lorsqu’ils sont mûrs à point, ils font une délicieuse guacamole maison. Puis, ils sont depuis longtemps essentiels à mes salades.

Je ne sais pas ce qui se passe cet été, mais ils sont meilleurs que jamais. Onctueux et riches comme je n’en ai jamais dégusté. Ils sont si bons qu’il m’arrive dans manger une moitié au dîner. En accompagnement. Natures. Sans plus de flafla. Ou avec un soupçon de vinaigre balsamique.

J’ai toujours été sceptique à l’idée de manger des avocats au petit-déjeuner sur une toast comme on le propose désormais. Mais je n’écarte plus cette possibilité d’y succomber un jour.

Non seulement l’avocat a bon goût. Il a la cote en raison de ses propriétés nutritionnelles. Fort en bons lipides. Il contient beaucoup de vitamines et de substances antioxydants. Il contribuerait à réduire le cholestérol dans notre système. À prévenir les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2.

Pourquoi s’en priver?

Parce que j’éprouve souvent une pointe de culpabilité à en manger.

Ces dernières années, les médias ont documenté les travers de sa production. On compare parfois l’avocat à «l’or vert». Ou à un nouveau «diamant de sang», en référence aux diamants extraits en Afrique qui ont donné lieu à plusieurs conflits meurtriers.

On produisait en 2019 5,5 millions de tonne d’avocats dans le monde. Les plus gros consommateurs se trouvent aux États-Unis (lors du Super Bowl notamment), mais aussi au Canada. Également de plus en plus en Europe, au Japon et en Chine.

Le Mexique en est le premier producteur. Dans l’État du Michoacan en particulier. Parce qu’on y trouve les meilleures terres. En montagnes. Qui ne gèlent pas.

Et la consommation de ce fruit est tellement exponentielle que sa production ne cesse de s’accroitre. Au prix de forêts dévastées. D’assèchement de rivières et de cours d’eau. Y compris de la nappe phréatique. On s’arrache des terres. Des productions illégales ont vu le jour. Financées par la criminalité. Vous voyez le portrait?

«Chacun à son Amérique à soi, et puis des morceaux d’une Amérique imaginaire qu’on croit être là mais qu’on ne voit pas.»

-Andy Warhol

Pour ces raisons, des restaurateurs de renom bannissent désormais l’avocat de leur cuisine.

Évidemment que je ne vois pas tout ça quand je croque dans un avocat. Mais quand j’y pense parfois, ça me laisse un goût amer en bouche.