Billet d’humeur : Un moineau et deux tourtereaux

le mercredi 18 août 2021

Toute vie mérite-t-elle d’être sauvée?

Alfi a attrapé un moineau en début de semaine passée. Je n’ai pas eu le temps de réagir. J’ai vu soudainement mon chat sauter dans un cèdre. Quand il est réapparu, il avait un oiseau dans la gueule. Inerte. Il était déjà trop tard.

C’est son deuxième moineau cet été. Je songe sérieusement à attacher des assiettes d’aluminium dans les cèdres. Dans l’espoir qu’elles effraient les oiseaux. Je ne vois pas d’autre chose que je peux faire.

Je sais bien que c’est son instinct animal. Qu’il chasse. Que c’est un jeu pour lui. J’essaie d’être bonne joueuse à mon tour. Je le laisse s’amuser quelques minutes avec sa proie. Que je fais aussitôt disparaître dès que mon chat rentre dans la maison.

N’empêche que je regrette parfois secrètement d’avoir tant joué avec lui quand il était un chaton. Parce que j’ai l’impression d’avoir contribué à aiguiser ses réflexes. Je sais, je m’invente sûrement des histoires. Et je vis dans un monde parallèle en refusant de voir la cruauté dont les animaux sont capables.

«On reconnait un oiseau en écoutant son chant. On reconnait un homme en écoutant ce qu’il dit.»

-Proverbe chinois

Cela dit, j’ai eu le sentiment de racheter deux vies d’oiseaux deux soirs plus tard. En débarquant chez mes parents, j’ai trouvé deux oisillons dans le gazon frais coupé chez leur voisin. Collés l’un sur l’autre. Ils avaient encore leur duvet.

Le voisin m’a raconté les avoir trouvés au sol. Et leur nid un peu plus loin. Sans doute tombés de son magnifique sapin argenté. Il les a délicatement regroupés dans l’herbe. En imaginant un Alfi dans les parages, j’ai aussitôt pensé qu’ils n’allaient pas survivre si on les laissait là.

En faisant une brève recherche sur internet, j’ai lu qu’il fallait essayer de les remettre dans l’arbre. Le plus haut possible. Dans leur nid si on l’avait. À défaut, dans une boite de carton trouée. Pour éviter toute accumulation d’eau.

J’ai fait ni une ni deux. J’ai sorti l’échelle de mes parents. Je suis grimpée dans l’arbre. Installant le nid à la rencontre de deux branches en Y. Pour un maximum de stabilité. Et je me suis croisé les doigts.

Depuis, une tourterelle y couvre ses rejetons m’a dit ma mère. Elle et son voisin y jettent un œil de temps à autre.

C’est pour moi une mince consolation pour les ravages causés par mon chat.