Billet d’humeur : Deux cennes de courage

le lundi 25 avril 2022

À quoi mesure-t-on le courage?

Dimanche 19h30. J’épluche une pomme grenade lorsque j’entends un bruit bizarre qui semble provenir de sous le lavabo. Comme un petit cognement ou grattement à répétition. Je fronce les sourcils.Rapidement, l’idée me traverse l’esprit que ça pourrait être un animal indésirable. Du genre un mulot ou une souris. Parce qu’il y a là de la tuyauterie. Mais je n’ai aucune raison de croire qu’un animal soit entré dans la maison. 

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J’essaie de me raisonner en pensant peut-être avoir enfermé un de mes chats dans l’armoire sans le vouloir. Je vais vérifier; ils sont ailleurs.

J’ai peur d’ouvrir une des portes par crainte de ce qui va en sortir. Je décide d’abord de m’organiser pour être en mesure de riposter. Je vais chercher un balai et son porte-poussière. Pour pouvoir le repousser avec l’un, l’assommer avec l’autre.

Pratiquement au moment où je suis prête – si c’est possible! – à ouvrir une des portes de l’armoire, le bruit cesse.

J’ai le cœur qui me débat comme une folle. Une fois les minutes qui passe, je commence à me demander si j’ai tout inventé ça. Pas la peur en tout cas!

Je me mets à analyser la situation, et le constat est dur. J’ai deux cennes de courage, contrairement à ce que mon entourage en pense. C’est simplement parce que je me retrouve généralement dans une position où je dois agir parce que les autres ont encore plus peur que moi! Comme cette fois où il y avait une chauve-souris dans le chalet de Micheline ou des singes hurleurs, au Costa Rica, qui semblaient vouloir venir nous attaquer.

C’est ce que réalise en terminant d’éplucher ma pomme grenade. Je suis courageuse seulement dans le regard des autres. Dans une situation où je n’ai pas le choix. Donc, en comparaison. Il m’aurait fallu quelqu’un à mes côtés dimanche.

Le bruit reprend environ une demi-heure plus tard la soirée et je décide de prendre mon courage à deux mains… en allant cogner chez mes voisins pour leur demander de m’aider. Leur avouant toute ma vulnérabilité. 

Mon voisin, lui, m’a paru courageux quand il s’est agenouillé devant la porte d’armoire avant de l’ouvrir. Rien n’en a sorti… à ce jour. Le mystère demeure pour le moment. Mais je n’ai pas inventé cette mise à nue de ma part. Ça ne s’invente pas.

«Le courage est la peur qui fait ses prières.» 
-Paul Coelhor