Avez-vous la patience d’apprivoiser les gens ou les animaux?
Quand j’ai voulu adopter deux chats au refuge S.O.S Minou et Pitou, il y a deux ans, j’ai longuement hésité pour le deuxième.
Alfi, lui, m’était tombé dans l’œil au premier regard. En raison de son pellage qui ressemblait à celui des chats de Bengal. Et de son caractère sociable.
Pour le second, j’hésitais entre Gédéon et Augustine, deux chats noir et blanc. À la suggestion d’une employée, j’avais pris la femelle. Il avait suffi qu’elle me dise que celle-ci avait moins de chance d’être adoptée en raison de son tempérament plus sauvage pour que j’aie envie de la sauver. Puis, elle croyait qu’une vie entourée d’adultes lui conviendrait davantage.
Au refuge, je n’avais pas été capable d’approcher Augustine (que j’ai renommée Pikée par la suite). De la flatter. Mais je me disais que les lieux augmentaient sans doute son stress. Puis, je l’ai pris aussi comme un défi.
Il m’a fallu près d’un an et demi pour l’apprivoiser. Les premiers mois, elle m’ignorait complètement. Jamais elle ne croisait mon regard. J’aurais pu être un fantôme. Elle ne vivait qu’avec Alfi. Ne regardait que lui. Ne jouait qu’avec lui. Comme si son univers se limitait à l’autre chat de la maison. Dès que je pouvais possiblement me rapprocher d’elle, elle prenait la poudre d’escampette. Sous un lit. Sous le divan.
Quand j’arrivais à l’attraper, c’est que j’avais usé de 1001 et subterfuges pour m’approcher d’elle. Sans trop qu’elle s’en rende compte. Puis, tout son corps se raidissait d’instinct au contact de mes mains. Elle n’y prenait visiblement aucun plaisir.
J’ai dû prendre de grandes respirations plusieurs fois. Me contenter de la regarder de loin. Incapable de satisfaire mon besoin d’affection. Moi qui adore flatter les chats, les prendre, les embrasser, me coucher près d’eux. Jouer avec eux ou leur parler. Et les entendre me répondre en miaulant.
À force de patience, d’observation et de répétition de certains gestes, Pikée a fini par me faire confiance. Par se laisser prendre. Aujourd’hui, elle se retourne parfois sur le dos en miaulant sur mon passage. Pour que je flatte son ventre en passant. En ronronnant grassement.
«Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à 100 000 renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde.»
– Le renard dans Le petit princer