Si vous aviez l’impression que tout coûte de plus en plus cher, vous aviez raison.
C’est un réflexe bien légitime: on se plaint souvent que les factures augmentent plus vite que les revenus. Mais cette fois, les chiffres de Statistique Canada sont formels: l’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint, en septembre, un taux inégalé depuis février 2003, soit 4,4 %.
Qui plus est, nos portefeuilles, au Québec, se sont dégarnis encore plus rapidement. La hausse de 5,1 % est nettement supérieure à la moyenne canadienne.
Au départ, la hausse marquée des prix du carburant, qui atteignent des niveaux records, a eu de multiples conséquences, bien au-delà du choc à la pompe. Toute la chaîne de transport s’est retrouvée sous pression et le prix des biens de consommation a inévitablement grimpé. La pénurie de camionneurs n’a pas arrangé les choses en contribuant elle aussi à augmenter les coûts.
D’ailleurs, comme il manque de travailleurs un peu partout, les employeurs n’ont d’autre choix que d’offrir de meilleurs salaires, ce qui contribue aussi à attiser l’inflation. Encore que l’amélioration des rémunérations a régulièrement tendance à être en retard sur la hausse du coût de la vie…
Un autre poste de dépenses, incontournable, voit également ses prix s’envoler: l’alimentation. L’augmentation de près de 4% sur un an prolonge une tendance observée depuis quelques mois. Elle dépend en bonne partie de la facture plus corsée pour la viande, plus élevée de 9,5 %, d’abord pour le bœuf, mais aussi pour le poulet et le porc. Les amateurs de fruits de mer n’ont pas été épargnés. Ils paient en moyenne 6,2 % de plus que l’an passé. Ceux qui aiment en particulier les crevettes l’auront certainement remarqué, forcés de débourser 9 % de plus qu’en septembre 2020 pour ces petits crustacés.
Seule consolation, le prix des légumes frais, lui, a reculé, grâce notamment à une véritable chute de 26 % pour celui des tomates. Ces temps-ci, il faut le reconnaître, ce sont les végétariens qui s’en tirent le mieux!
La question qui se pose maintenant est: est-ce que cette poussée de l’inflation va se maintenir? S’agit-il d’un phénomène passager ou d’une vague de fond?
Beaucoup d’économistes croient que cette hausse est trop forte pour durer, mais que l’IPC est néanmoins condamné à progresser. L’accalmie des dernières années pouvait difficilement continuer, surtout avec un marché du travail de plus en plus serré. Et si l’inflation monte, les taux d’intérêt vont forcément suivre. Avec le niveau d’endettement des Canadiens qui demeure obstinément élevé, l’impact risque d’être costaud. Le temps est peut-être venu d’assainir son bilan financier… si on en est capable.