Chaise des générations : de La Prairie à l’Assemblée nationale

le mardi 17 octobre 2023

Des élèves de l’école de la Magdeleine, à La Prairie, ont été les heureux élus pour concevoir la première chaise des générations qui sera envoyée au Salon bleu de l’Assemblée nationale, à Québec, à l’aube de la prochaine session parlementaire.

Le projet de la chaise des générations a été présenté initialement par le directeur de cabinet du maire de Québec Bruno Marchand en 2022. Clément Laberge souhaitait ainsi rappeler aux élus que les décisions prises ont des impacts sur les générations futures.

Repris par le regroupement environnementaliste Mères au front, dont certaines des membres vivent à La Prairie, le projet s’est déployé un peu partout au Québec.

La chaise conçue à la Magdeleine a été dévoilée en primeur à la Maison du développement durable, à Montréal, le 11 octobre, devant quatre députées représentant les partis politiques siégeant à Québec.

Des cendres provenant de forêts brûlées à la suite des feux de cet été sur la Côte-Nord et près de Chibougamau ont servi de pigment pour fabriquer la peinture utilisée par les élèves. Des cocottes provenant de ces mêmes forêts ont également été remises par les jeunes dans les mains des politiciennes présentes.

Le Reflet a assisté à la création de ce meuble revendicateur à l’école de la Magdeleine, le 29 septembre. Pinceau à la main, huit élèves et l’artiste Marc Séguin y ont mis leur touche personnelle, en abordant les enjeux de société qui les concernent.

«Ça nous permet de nous exprimer et d’avoir un certain impact. C’est un moyen de communiquer nos inquiétudes pour plus tard», souligne Elsie Séguin, d’Hemmingford, qui a dessiné des lèvres cousues pour symboliser les droits enlevés aux peuples autochtones.

Même chose pour son camarade de classe, Émeric Benoit, qui reconnait l’importance de partager sa vision aux députés.

«Les décisions qui sont prises aujourd’hui auront un impact direct sur notre futur et sur celui des générations suivantes, explique le ésident de Saint-Constant. Je pense que c’est important que nous ayons notre mot à dire même si nous ne sommes pas en âge de voter.»

De son côté, MaryLee Châteauneuf, de Sainte-Catherine, espère que son message fera éagir.

«J’ai dessiné un cœur qui se déchire, soutient-elle. Je trouve que les gens commencent de moins en moins à s’intéresser aux uns les autres et oublient le monde alentour.»

Pour sa part, Marc Séguin a salué leurs efforts.

«C’était un privilège d’accompagner, d’entendre et de pouvoir laisser libre cours aux voix des élèves dans la création de « leur » chaise des générations, et d’avoir été aux premières loges de leurs préoccupations et expressions, raconte-t-il. Cette chaise-symbole incarne, avec liberté et espoir, leur envie de dire qu’ils souhaitent un avenir différent et meilleur. »

Grande responsabilité

Les enseignantes de l’école de la Magdeleine sont catégoriques: les jeunes doivent se faire entendre pour que des changements surviennent.

«C’est beau de voir les jeunes s’impliquer ainsi. Cela donne espoir qu’il y en a encore qui tiennent à leur avenir», indique l’enseignante Sandra Denis, du programme d’éducation internationale de la Magdeleine, et mère au front.

Elle se éjouit que ce projet ne soit pas nécessairement un apprentissage de connaissances, mais d’émotions.

«Ils savent que leur voix est importante pour les adultes qui les entourent, poursuit-elle. De savoir ce qu’ils pensent et ce qui les préoccupent est important pour nous aussi. Je pense que nous ne leur disons pas assez.»

Même si ces élèves de la Magdeleine ont été les seuls à poser leur marque sur la chaise des générations, celle-ci représente tous les jeunes du Québec.

«C’est un privilège qu’ils ont de parler au nom de la jeunesse de la province, fait savoir Nathalie Ainsley, mère au front et participante au projet. Ils demandent à l’Assemblée nationale de s’engager à penser aux impacts sur l’environnement et les générations futures dans leurs décisions écrites.»

Les élèves qui ont contribué à la conception de la chaise sont Lily-Rose Leroux, Marion Rannaud, Marylee Châteauneuf, Aurelia Mancuso, Marie-Lys Bélisle, Delphine Sylvestre, Elsie Séguin et Émeric Benoit.