Chloé Décary, une guerrière qui a laissé sa marque

le mardi 5 janvier 2016

Dans notre profession, nous avons la chance – pour ne pas dire le privilège – de côtoyer des personnes qui partagent leur espérance, leur bonheur, leur peine. Elles se racontent sans masque, sans pudeur, tantôt animées par la joie, parfois brisées par la douleur. Leur histoire peut connaître un dénouement heureux, mais pas toujours.

C’était le cas pour Chloé Décary, atteinte de leucémie aiguë myéloblastique. J’avais eu l’occasion d’interviewer son père et sa mère alors que la petite était hospitalisée vers la fin de l’hiver. Tous deux misaient sur un traitement expérimental aux États-Unis afin de sauver leur fille. La rapidité de la maladie a rattrapé Chloé. Celle qui fréquentait l’école Piché-Dufrost à Saint-Constant s’est éteinte à l’âge de 9 ans, le 15 mai.

Son histoire m’a touché. On a beau se fixer intérieurement des barrières afin de garder une distance professionnelle, celles-ci ne sont pas infaillibles. Père de famille moi-même, je m’identifiais involontairement au drame de Sylvain Décary. En écoutant cet homme me relater les épreuves de sa fille, je me demandais comment il faisait pour passer à travers. J’essayais de me mettre à sa place et d’anticiper ma réaction si on devait m’annoncer un jour qu’un de mes enfants est condamné.

Comment ferais-je pour lutter à ses côtés? Trouver l’énergie nécessaire pour avancer? Faire face à la routine quotidienne tout en refoulant le désir de crier à la face du monde que la vie est injuste?

«C’est la fin du monde. C’est comme recevoir un coup de masse en plein visage», avait-il déclaré à l’annonce du diagnostic de sa fille.

Cette journée-là, sans s’en douter, M. Décary était devenu mon héros. Idem pour la mère de Chloé. J’admire la détermination chez les gens que le malheur a désignés pour cible. Je reste humble devant leur capacité de se lever et de poursuivre leur route malgré l’adversité.

La photo Chloé, que ses parents avaient surnommée la petite guerrière en raison de sa combativité devant la maladie, figure sur le babillard de mon bureau. Elle me rappelle qu’il faut savourer pleinement chaque instant de notre existence, et ce, malgré les soubresauts parfois cruels de la vie.