Par Dre Andrée-Anne Bouvette-Turcot, PhD, psychologue
À chaque année, alors que les festivités du Nouvel An approchent, je me pose la même question : vais-je prendre des résolutions pour la nouvelle année? Ainsi, pour plusieurs, janvier amène la même rengaine : se fixer des objectifs ou prendre des résolutions pour l’année à venir et… éventuellement les laisser tomber. À quoi servent donc ces fameuses résolutions et pourquoi sont-elles si dures à tenir?
Le temps des Fêtes et les célébrations qui lui sont propres est souvent signe de relâchement voire parfois de perte de contrôle ou d’excès. Au sortir de cette période déstabilisante, les résolutions du Nouvel An viennent nous redonner un cadre et donc atténuer notre fébrilité (voire notre anxiété). Elles portent souvent, d’ailleurs, sur ces mêmes grandes sphères que nous venons de négliger ou dont nous venons d’abuser (alimentation, sport, sommeil, finances, gestion du temps, etc.).
Mais pourquoi est-ce souvent si dur de tenir nos résolutions? Forts de nos ambitions, nous avons souvent le réflexe de formuler des résolutions non réalistes, non graduelles/progressives et qui s’inscrivent mal dans la réalité du quotidien. Par exemple, se donner comme objectif d’aller s’entraîner tous les jours de la semaine alors que nous n’y allions pas du tout avant a peu de chances de réussir. Un changement aussi drastique est rarement viable à long terme. De plus, pour qu’un changement d’habitude perdure à travers le temps, il faut qu’il soit associé à des gains et à des bénéfices tangibles, pas seulement à des limites et à des contraintes. De même, les chances de succès sont beaucoup plus grandes lorsque le désir de changement prend ses origines dans une valeur importante pour nous ou un souhait sincère et profond (motivation intrinsèque) plutôt que dans des pressions extérieures ou un désir de plaire ou de se conformer (motivation extrinsèque). Il faut également se rappeler que d’ajouter une habitude ou un nouveau comportement (par exemple : manger plus de légumes) est beaucoup plus facile que d’en retirer un (par exemple : manger moins de desserts).
En outre, il faut garder en tête que le meilleur moment pour faire le point dans nos vies est lorsque nous vivons une période de tranquillité, ce qui n’est souvent pas le cas pendant le temps des Fêtes. Alors pourquoi s’astreindre à prendre des résolutions au 1er de l’an si cela n’est pas un bon moment pour soi? Mieux vaut attendre un moment plus propice et, comme toujours, faire preuve de bienveillance et de compassion à son égard!