Pendant un peu plus de 30 ans, Claude Aubin a travaillé comme patrouilleur et enquêteur à la police de Montréal. Rebelle au langage fleuri, celui qui habite à Châteauguay depuis bien longtemps a vécu une carrière rocambolesque qui l’aura mené d’une enquête à l’autre, et même en prison un certain temps.
«On n’avait pas de gilet pare-balle ou d’autres protections à l’époque, on était dans la rue avec notre revolver de service et nos deux poings!» a expliqué d’emblée Claude Aubin en entrevue.
C’était la vision qu’il avait de ce métier lorsqu’il est rentré dans les forces de l’ordre en 1966 à l’âge de 18 ans seulement après quelques mois de formation et d’entraînement. Le jeune homme avait alors été affecté à ce qu’il appelait, «la zone grise» du centre-ville, entre les rues Bleury et Parthenais, où égnait une grande pauvreté.
«C’est là que je suis tombé dans le bain, sur la Main (ndlr : la rue Saint-Laurent) ça brassait tout le temps et on devait se battre chaque jour, c’était une autre époque, s’est-il remémoré. Mon partenaire avait 25 ans de métier et avait fait la guerre, il m’a beaucoup appris».
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Claude Aubin estime que la police avait une approche plus communautaire à l’époque. «C’était la police de proximité, on était tout le temps dans la rue avec les gens, on n’était pas dans nos autopatrouilles coupé du monde avec des ordis comme aujourd’hui», a-t-il affirmé.
Se faire braquer
M. Aubin, qui se targue d’avoir une excellente mémoire photographique, se souvient d’une fois où il s’est fait mettre en joue par un homme saoul avec une carabine ou encore, s’être fait épondre à une porte avec un fusil sur son ventre. «Il y avait du gun au pied carré à l’époque, tout le monde en avait», a-t-il dit.
En tout, il a affirmé avoir été mêlé dans pas moins d’une soixantaine d’évènements impliquant des tirs d’armes à feu au cours de sa carrière.
Enquêtes à profusion
Après quelques années de patrouille, le Châteauguois est devenu sergent-détective au début des années 1980. Très rapidement, il s’était rapidement mis à dos ses supérieurs, car il était le seul qui refusait de porter un veston et une cravate. «Ils m’ont considéé comme un marginal, mais je voulais ressembler au monde ordinaire, ça m’intéressait pas d’être habillé en complet», s’est-il justifié.
Durant cette période faste de 14 ans aux enquêtes, M. Aubin en a vu de toutes les couleurs. Au cours de ses nombreuses opérations, il a combattu la criminalité en général, mais aussi différentes mafias de l’Europe de l’Est, des gangs de rues jamaïcains, haïtiens et latinos.
Lorsqu’il raconte ses souvenirs de terrain, le volubile personnage parsème ses explications de mimiques et de cris, comme s’il y était encore.
La case prison
En avril 2001, deux ans après sa retraite, coup de théâtre; Claude Aubin est arrêté et condamné à deux ans de prison. À l’époque, il avait été reconnu coupable d’avoir sorti et partagé des informations provenant du Centre de renseignements policiers du Québec (CRPQ) en plus d’avoir en sa possession plusieurs armes à feu non enregistrées.
Aujourd’hui, il estime qu’il ne reprendrait pas la même décision si c’était à refaire.
C’est durant sa période de détention qu’il écrira son livre La main gauche du Diable où il parlera de ses enquêtes, de son arrestation et de son temps passé dans une cellule.
«Ce n’était pas mon premier cependant, même pendant ma carrière j’ai écrit sur ma vie, sur mes dossiers. J’ai gardé les manuscrits et ces histoires ont été publiées plus tard», a dévoilé l’homme au langage fleuri.
Claude Aubin a maintenant cinq livres biographiques à son actif. Les personnes intéressées peuvent se les procurer sur son site internet https://libreeditionclaudeaubin.ca/ .