Depuis un an, l’entreprise CDRM à Delson fabrique des sous-vêtements et maillots compressifs destinés aux transgenres. Plus que de simples bouts de tissu, ces créations changent la vie de milliers de personnes, comme le constate Annie Boutin, fondatrice de l’entreprise qui les vend et dont la fille née garçon se sent enfin confortable quand elle s’habille.
La résidente de Boucherville parle en connaissance de cause lorsqu’elle affirme qu’aucun modèle commandé en ligne ou conçu sur mesure par des couturières ne convenait à son adolescente aujourd’hui âgée de 15 ans. «Trop osés, loin d’être jolis ou pas assez couvrants et soutenants», ces sous-vêtements ne dissimulaient pas les parties génitales comme souhaité, tout en étant plaisant à porter, explique Mme Boutin.
«J’avais une petite fille bien triste, qui ne pouvait pas non plus aller se baigner», relate celle qui a appris l’existence de la compagnie CDRM sur le web.
Une alliance naturelle s’est alors profilée entre ces spécialistes des vêtements compressifs reconnus au pays et cette ancienne représentante commerciale qui souhaitait faire une différence.
Après un an de tests, notamment auprès de la fille de Mme Boutin pour connaître son avis, l’entreprise de Delson a mis au point trois modèles de culottes à différentes échancrures, ainsi que des maillots et des soutien-gorge.
Puis, Mme Boutin en a débuté la vente en créant sa compagnie en ligne FIT4U Solutions. Jusqu’à présent, des clients d’une quarantaine de pays ont commandé ses produits.
«Ça change des vies, ç’a changé celle de ma fille. Les gens sont heureux parce qu’enfin, ils peuvent porter des leggings, enfin, ils peuvent pratiquer un sport et ne pas avoir à surveiller constamment leur apparence», rapporte l’entrepreneure qui considère ne pas avoir de compétition dans cette niche restreinte. L’augmentation de 20% de ses ventes chaque mois témoigne d’ailleurs de son succès, ajoute-t-elle.
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(Photo: Le Reflet – Denis Germain)
Des détails à considérer
Au local flambant neuf de CDRM situé chemin Saint-François-Xavier à Delson, les commandes ne dérougissent pas, alors qu’on y fabrique plus de 300 items de cette collection par semaine, soit 25% de la production totale de l’entreprise. Les yeux rivés sur leur machine à coudre, les couturières manipulent les textiles avec une redoutable dextérité.
«Ce n’est pas du travail à la chaîne, fait remarquer Stéphane Tanguay, président de CDRM. D’abord, la couture est plate à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur. Pour concevoir des vêtements compressifs, l’équipement est modifié en conséquence.»
«Chaque détail compte, enchaîne Katy Barrette, patroniste. Il est essentiel que la culotte puisse tenir en considérant le poids du pénis.» Ce, sans entraver la circulation sanguine et en demeurant sécuritaire d’un point de vue médical, malgré la double épaisseur du tissu.
L’entreprise qui opérait depuis 1991 à La Prairie avant son déménagement est devenue adroite dans ce domaine.
«Nous avons l’expertise de la compression et répondons désormais à un nouveau besoin, résume M. Tanguay. Certaines personnes transgenres vivent des situations très difficiles et c’est notre façon de les soutenir. Les adolescents ne peuvent pas subir de chirurgies, alors que des adultes ne la veulent tout simplement pas.»
«C’est un projet que nous avons à cœur parce que nous savons qu’il fait une différence dans la vie des gens.» -Stéphane Tanguay, président de CDRM
Efficace et beau
Cette nouvelle spécialité s’ajoute à plusieurs autres chez CDRM. Aux vêtements, bas, masques et gants compressifs conçus pour les grands brûlés, se greffent aussi les bandes herniaires pour les personnes stomisées.
«Nous avons aussi créé des pièces pour une personne victime d’une maladie affectant sa peau et qui la fait tomber en lambeaux, relate M. Tanguay. Aussi, un de nos objectifs est que tous nos morceaux soient sublimés et qu’ils aient une belle apparence malgré tout.»
Le président de CDRM souhaite poursuivre le développement de ses différents créneaux tout en perpétuant la mission de l’entreprise «d’aider son prochain», conclut-il.
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(Photo: Le Reflet – Denis Germain)