Il combat la maladie par le sport extrême

le mercredi 18 octobre 2017

Chaque mur que Michel Cayer escalade, chaque javelot qu’il lance et chaque sac de sable qu’il soulève lui rappellent que la course à obstacles est devenue essentielle à sa guérison. Atteint de narcolepsie, le Constantin doit s’entraîner intensivement pour combattre la fatigue extrême qu’il ressent.
La narcolepsie est un trouble rare qui affecte anormalement le sommeil. M. Cayer a toujours essayé de composer avec cet état, non sans peine. Alors que la maladie était à son apogée il y a cinq ans, l’homme de 42 ans dormait jusqu’à 19 heures par jour.
«Je me levais que pour aller manger et j’allais me recoucher ensuite, raconte-t-il. C’était difficile de travailler dans cet état. Mon employeur me permettait de faire des siestes, mais ce n’était plus possible à un moment de continuer ainsi.»
La médicamentation n’a pas réussi à améliorer l’état de M. Cayer, dit-il. Ce sont des changements progressifs dans son alimentation, comme ne plus consommer de produits laitiers et de blé, qui lui ont permis de régler à 60% son état de fatigue extrême. Il a décidé de combler le reste en s’entraînant.
«J’ai regardé une course à obstacles de la série Spartan Race à la télévision et j’ai simplement décidé de m’inscrire à une de ces courses l’année dernière, sans savoir dans quoi je m’embarquais», mentionne-t-il. M. Cayer, qui n’était alors pas un coureur assidu, ne cache pas que sa première expérience a été plus difficile que prévu.
«Avant la course, je visais la 1re place mais à la fin, j’étais tellement épuisé que je voulais simplement la compléter! raconte-t-il. La seule pensée que j’avais était de voir ma famille à la ligne d’arrivée. J’étais en pleurs et fâché aussi, car je trouvais ça trop difficile.»
Un parcours dans sa cour
Pourtant, au lendemain de cet événement qu’il qualifie de «désastre», le Constantin n’avait qu’une seule envie: refaire une course.
«J’ai eu un regain d’énergie, affirme-t-il. Je me suis fabriqué un parcours à obstacles dans ma cour arrière. C’est la meilleure façon de m’améliorer et de me minuter quand je fais une épreuve.»
M. Cayer a maximisé l’espace de son terrain en construisant une structure en bois qui lui permet de s’entraîner en tout temps.
«J’ai installé une corde, des barres pour grimper, un mur de 8 pieds à escalader, une corde de type slackline sur laquelle je dois marcher sans tomber et aussi une poulie pour soulever des seaux», explique-t-il en pointant l’installation.
Quand la cour ne suffit pas, le père de trois enfants transporte des sacs et des pneus dans la rue ou monte et descend dans les bassins d’eau près de l’aréna Isatis.
Mondiaux Spartan Race
Fort de sa première expérience et de sa condition physique améliorée, l’athlète s’est inscrit à d’autres courses à obstacles, dont les premiers Championnats canadiens Spartan Race, du 8 au 10 septembre, en Ontario.
«Certains participants avaient fait les Mondiaux Spartan Race et je les avais vus à la télévision, je n’en croyais pas mes yeux! s’exclame-t-il. Je m’étais simplement inscrit pour avoir du plaisir.»
Sa 21e place lui a permis de se qualifier pour les Championnats mondiaux, les 30 septembre et 1er octobre, en Californie. Il a terminé au 342e rang sur les 444 participants après cinq heures d’épreuves.
«Ça me prend deux heures habituellement. Il y avait trois fois plus d’obstacles et une plus grande distance à accomplir», raconte-t-il.
Même si la conjointe de M. Cayer et leurs enfants n’ont pu être présents en Californie, ils prennent désormais plaisir à participer à des courses à obstacles de type Spartan avec lui. Ils profitent également de la cour et ne peuvent plus se passer des séances d’entraînement ensemble.
«Peu importe mon résultat à une course Spartan, je considère qu’il s’agit d’une réussite parce que mon but est de combattre la maladie et non avoir une médaille.» -Michel Cayer, athlète et atteint de narcolepsie
Plus de fatigue
Le Constantin dort toujours difficilement, mais il ne ressent plus la fatigue extrême. Il travaille présentement trois jours par semaine.
«Je suis plus souriant, mes yeux ne se ferment plus tout seuls, dit-il. Je me sens bien.»
Qu’est-ce qu’une course Spartan Race ?
Les courses de type Spartan Race sont constituées d’une vingtaine à une quarantaine d’obstacles à compléter par les participants. Sinon, ils se voient imposer des pénalités, sous forme de 30 burpees ou saut de grenouille selon la traduction française. Michel Cayer en a fait 270 aux Mondiaux Spartan Race, puisqu’il a eu 9 pénalités sur 38 obstacles.
«Il y avait des obstacles tellement difficiles à compléter que je préférais faire des burpees plutôt que de les réussir!» raconte en riant le Constantin.
Parmi les épreuves les plus exigeantes, il note la marche de 800 m avec des seaux remplis de roches et des sacs de sable d’une soixantaine de livres.