Concilier travail et famille quand on est un élu : l’ex-député Sylvain Chicoine se confie

le mardi 7 juin 2016

Pas toujours évident de concilier le travail et la famille. Le défi semble être encore plus grand pour les élus. La démission du chef du Parti québécois Pierre Karl Péladeau illustre bien les difficultés auxquels sont confrontés les politiciens. L’ex-député néo-démocrate dans Châteauguay – Saint-Constant, Sylvain Chicoine, n’y a pas échappé.

Quand ce père de famille a présenté sa candidature aux élections de mai 2011, ses trois enfants avaient respectivement 4, 5 et 6 ans. Il voulait vivre l’expérience d’une campagne électorale, mais n’envisageait pas un instant d’être élu. Emporté par la vague orange, le politicien a été surpris de se retrouver député. La conciliation entre son nouveau rôle et la gestion familiale n’a pas été évidente au début.

«En raison de la tenue d’un congrès du NPD à Vancouver et du prolongement de la session parlementaire où nous faisions du filibuster (obstruction parlementaire) concernant la grève à Postes Canada, je suis retourné à la maison avec plusieurs jours de retard», se souvient M. Chicoine.

«Ça faisait plus de deux semaines que les enfants ne m’avaient pas vu, poursuit-il. Ils étaient choqués. Le plus vieux de mes garçons était particulièrement fâché. Il voulait que je revienne absolument. Il pleurait fort en me disant « Tu m’avais dit… ».  C’était un bout dur, déchirant pour moi.»

Ardu pour sa conjointe

Sylvain Chicoine n’aurait pu se lancer dans l’aventure politique sans l’appui de sa conjointe. C’est elle, reconnaît-il d’emblée, qui a vécu le plus durement ses allers-retours entre la maison et Ottawa.

«Les enfants étaient jeunes et n’étaient pas autonomes pour les bains ou les douches. Ils avaient des activités durant la semaine. Elle a travaillé très, très fort à la maison en plus de son travail. Une chance qu’elle était très forte. C’est surtout à cause d’elle que j’ai pu faire ce mandat», souligne-t-il.

Des ajustements ont été nécessaires dans la planification familiale des activités [scoutisme, cours de danse, de kung fu, de dessin]. Puisque le député revenait d’Ottawa tous les jeudis pour repartir les dimanches soir, le couple a concentré ses rendez-vous les week-ends.

«Des membres de notre famille ont aussi été mis à contribution pour accompagner les enfants aux activités», ajoute le principal intéressé.  

Malgré le fait qu’il retournait à la maison, le député devait aussi s’occuper de sa circonscription avec son lot de rendez-vous, d’événements et de dossiers à gérer et pas nécessairement entre 9h et 17h.

Il avoue qu’il aurait dû davantage informer sa conjointe sur les implications de sa nouvelle fonction.

«Je ne lui ai pas assez parlé. Il y a eu des petites tensions qui sont ressorties», reconnaît-il.

 

Pas d’encadrement

L’ex-député déplore le fait que les nouveaux élus ne sont pas suffisamment préparés sur les impacts que leur fonction aura sur leur vie familiale.

«On ne nous a jamais expliqué l’implication ou la charge de notre travail, mais je m’y attendais tout de même», reconnaît-il.

Il mentionne que s’il avait remporté le scrutin de 2015, la conciliation travail-famille aurait été plus facile, du fait que ces enfants sont maintenant plus âgés, sans parler de l’expérience acquise lors du premier mandat.

 

De nouveau gardien de sécurité

Avant qu’il se lance en politique, Sylvain Chicoine était agent de sécurité à l’Université de Montréal. «J’ai maintenu mon lien d’emploi lorsque j’ai quitté. C’est pour cela que j’ai pu retrouver mon travail», a-t-il déclaré. Toujours intéressé par la politique, il ne s’implique plus cependant dans son ancienne formation. «Je passe maintenant plus de temps en famille», souligne l’ex-député.