Le congédiement d’un directeur de supermarché annulé

le mardi 18 septembre 2018

Congédié le 27 mars 2016 pour avoir vendu de la viande périmée à des employés cadres et à un organisme communautaire en réduisant les prix, l’ancien directeur du supermarché Maxi à La Prairie a contesté la décision auprès du Tribunal administratif du travail, qui a annulé son renvoi.
Guy Boulanger comptait 28 ans de service et avait un dossier disciplinaire vierge lorsqu’il a été mis à la porte. Le directeur, ayant reconnu ses torts, a déposé une plainte pour congédiement sans cause juste.
M. Boulanger s’est défendu en affirmant avoir voulu diminuer les pertes de l’entreprise, trop élevées en août 2015. Au rayon des viandes, les pertes ont chuté à 4%, améliorant les résultats financiers de l’entreprise.
«J’ai autorisé des baisses de prix dans la viande sur des passés dates et j’en ai acheté pour pouvoir sauver des pertes […] Si on m’avait dit qu’on ne peut pas faire ça, je ne l’aurais pas fait», peut-on lire dans la décision de la juge Marie-Claude Grignon, émise le 7 septembre.
«Prix imbattables»
M. Boulanger a utilisé la fonction d’ajustement de prix supposée être utilisée seulement pour la politique de «prix imbattables» chez Maxi afin de vendre les produits périmés. Cette pratique permettait de ne pas comptabiliser les réelles pertes, qui apparaissaient comme des transactions. Cela a été perçu comme de la fraude par l’employeur.
Une enquête a permis de conclure que le directeur du supermarché de La Prairie, qui a lui aussi acheté de la viande périmée, a économisé un total de 248,69$ entre juillet 2015 et mars 2016.
Facteurs atténuants
Le supermarché Maxi participait à un programme de don d’aliments en collaboration avec Moisson Montréal au moment des faits. L’entreprise remettait des denrées alimentaires dont la date de péremption venait d’être échue. La pratique de l’entreprise a représenté un facteur atténuant. Le dossier exemplaire du plaignant, ses années de service, son intention d’améliorer les pertes de la compagnie et son admission des fautes ont aussi mené à une décision en sa faveur, selon le Tribunal administratif du travail.
Erreur de jugement
La juge Grignon a conclu que l’employeur était en droit d’imposer une mesure disciplinaire exemplaire à M. Boulanger, mais non un congédiement, considérée comme une «décision hâtive» et «exagérée» pour un comportement qui «découle d’une erreur de jugement plutôt que d’une intention frauduleuse».
Elle ajoute que les deux parties se sont entendu sur le fait que la réintégration du directeur est impossible et qu’«une suspension sans traitement de trois mois est substitué au congédiement».
Le Reflet est en attente d’une réponse de la direction du Maxi.