La majorité des complications de la COVID-19 finissent par se résorber. Ainsi, chez les personnes qui guérissent du coronavirus, peu en conserveront des séquelles, à tout le moins, à la lumière des statistiques et études encore très embryonnaires dans cette crise.
Alors que la crise a éclaté il y a à peine six semaines au Québec, il est impossible de déterminer les conséquences à long terme de la COVID-19 chez les patients qui l’ont contractée. Les études qui ressortent des quatre coins du globe ont à peine un ou deux mois de recul. Un délai très court dans le milieu de la recherche médicale, où les études peuvent normalement s’échelonner sur deux ou trois ans.
Dr Germain Poirier, chef des soins intensifs de l’Hôpital Charles-Le Moyne (HCLM), estime que nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour tirer des conclusions solides.
Malgré cette majorité qui s’en sortira sans séquelles, il observe néanmoins qu’il peut rester chez certains patients des traces des complications subies durant la maladie. Les patients admis aux soins intensifs le sont surtout pour des problèmes respiratoires.
«Dans le cas d’atteintes pulmonaire sévères, il pourrait subsister par la suite une faiblesse pulmonaire lors de gros efforts», donne en exemple le Dr Poirier, aussi président de la Société des intensivistes du Québec.
Principales complications
Dr Germain Poirier, chef des soins intensifs de l’Hôpital Charles-LeMoyne.
Les problèmes respiratoires (en premier lieu), l’insuffisance rénale, la basse pression, l’embolie pulmonaire et la phlébite sont les complications les plus fréquentes qui entraînent une admission aux soins intensifs, identifie le Dr Poirier.
À leur sortie des soins intensifs, les patients feront l’objet de suivis par des spécialistes, que ce soit de la pneumologie, de la médecine interne ou encore de la néphrologie, selon les complications qu’ils auront connues.
Des patients retournés à la maison peuvent parfois devoir revenir d’urgence à l’hôpital, trois à quatre jours après avoir quitté.
«C’est arrivé surtout avec des patients asymptomatiques ou qui ont été dépistés précocement. Le système immunitaire a réagi de façon disproportionnée.»
Néanmoins, «la majorité de ceux qui ont eu une atteinte aux reins, aux poumons ou qui ont eu des caillots vont récupérer», soutient le médecin spécialiste.
Bien que les statistiques varient à travers le monde et qu’elles doivent considérées avec prudence, la mortalité des suites de la COVID-19 aux soins intensifs oscille entre 15 et 25%.
Chez les patients hospitalisés sur les étages, on observe le même type de complications, mais elles se présenteront sous une forme moins sévère.
Dr Poirier rappelle que les hospitalisations demeurent la pointe de l’iceberg de l’ensemble des cas de COVID-19.
Les hospitalisations représentent moins de 7% des cas confirmés en Montérégie, selon la mise à jour de la Direction de la santé publique du 27 avril. Et seulement 9% des personnes hospitalisées ont dû être soignées aux soins intensifs.
Les effets collatéraux
Demeurer intubé et alité pendent des semaines n’est pas sans conséquence pour le corps. Le déconditionnement, qui entraîne une perte musculaire et nécessite de la réadaptation, peut ainsi toucher les patients atteints de la COVID-19.
«Les personnes âgées vont moins le supporter, alors que les jeunes vont se rétablir plus vite», compare l’intensiviste.
De plus, dans le cas d’atteinte pulmonaire sévère, le patient pourrait avoir reçu un «arsenal thérapeutique» incluant des paralysants musculaire, pour détendre ses muscles.
«Par la bande, ça peut entraîner comme complication une faiblesse musculaire», cible le Dr Germain Poirier.
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