La covid; la fermeture du CPE; l’ouverture de la garderie; l’accès aux CPE que pour les travailleurs essentiels; le retour à la garderie pour les « gens normaux »; les fermetures de groupe; la quarantaine pour deux semaines; l’impossibilité d’envoyer nos enfants pour un nez qui coule et le refus d’accepter son grand frère puisqu’il est de la même famille que sa sœur même s’il n’en a aucun symptôme; le retour à la garderie; le retrait d’un enfant puisqu’il a la gastro; le retour à la garderie; puis : LA GRÈVE ! Voilà ce avec quoi nous jonglons ces deux dernières années.
Ceci n’est pas une plainte, mais les confidences d’une mère et d’un père qui doivent concilier avec cette réalité bouleversante. C’est un cri du cœur; un cri de fatigue. Un cri pour nous faire entendre, nous, parents, mais aussi nous, êtres humains et nous, citoyens québécois.
À court de ressources
Comment devons-nous gérer la situation ? Qui nous a préparés à cela ? Qui nous représente ? Qui représente nos enfants ? Où est notre syndicat ? Nous croyons à la démocratie, à l’égalité et à la justice, mais malheureusement, nous nous sentons bafoués dans nos droits. Nous ne nous sentons pas représentés.
Chaque jour, depuis bientôt trois semaines, nous jonglons avec une grève interminable.
Nous tenons à souligner que lors des premiers jours de grève, nous démontrions réellement notre soutien aux éducateurs et aux éducatrices des CPE. Dieu sait à quel point nous apprécions leur travail et leur dévouement auprès de nos enfants. Nous savons qu’elles/qu’ils méritent un meilleur salaire et de meilleures conditions.
Jamais nous n’aurions cru que cette grève persisterait au-delà des dix jours annoncés. Car oui, chers lecteurs, avant la déclaration d’une grève illimitée, il y a eu dix jours où le CPE a fermé ses portes. Dix jours où nous avons dû nous accommoder et prendre des jours de maladie. Dix jours où nous avons demandé à nos mères, nos sœurs et nos frères de garder nos enfants. Dix jours où j’ai dû jongler avec ces grèves toujours annoncées à la dernière minute.
Une injustice
Pendant ce temps, juste comme ça, il y a d’autres gens (voisins, oncles, sœur, amis) qui ne sont nullement touchés par ce calvaire qu’est devenu notre quotidien. Parents d’enfants inscrits en CPE affiliés aux grévistes syndicaux de la CSN, nous vivons de façon minoritaire cette grève illimitée et c’est injuste! Cela pourrait expliquer cette lenteur des négociations.
Pendant de ce temps, plusieurs autres garderies sont ouvertes. L’éducatrice de la garderie au bout de notre rue fait le même travail que celles qui sont attitrées aux groupes de nos enfants. Nous comprenons que l’un des organismes est gouvernemental, tandis que l’autre ne l’est pas. Nous comprenons qu’un est syndiqué, tandis que l’autre ne l’est pas. Nous trouvons cela injuste tout de même. Elles effectuent TOUTES le même travail. Pourtant, un milieu demeure ouvert, tandis que l’autre a ses portes closes. L’un manifeste pour de meilleures conditions de travail, tandis que l’autre les accepte. C’est illogique!
Nous avons de la difficulté à être solidaires et à comprendre une situation lorsque celle-ci est injuste. Nous nous sentons, malgré nous, comme des otages d’une guerre sans fin. Nous sentons nos enfants brimés par la situation. Notre cœur de parents a mal lorsque notre garçon de 5 ans et notre fille de 3 ans nous demandent où sont leurs amis de la garderie. Notre cœur de parents a mal lorsque nous devons les faire garder par une personne différente chaque jour depuis, nous vous le rappelons, plus de trois semaines. Notre cœur de parents a mal lorsque nous constatons qu’ils ont une routine désorganisée.
Et nous, dans ce pays industrialisé, dans cette grande province qu’est le Québec, combien de temps allons-nous accepter cela ? Nous, qui avons de si bonnes capacités d’adaptation, combien de temps allons-nous devoir nous adapter?
Notre voix comme parent
Avons-nous le droit de partager notre point de vue sur la situation? Avons-nous le droit de démontrer notre désaccord ? Nous croyons, qu’elles/qu’ils méritent de meilleures conditions de travail, mais jusqu’à quel point? Avons-nous le droit de dire que nous ne devrions jamais toucher à ce service essentiel? Avons-nous le droit de dire que les personnes les plus touchées par cette grève sont nos enfants? Avons-nous le droit de dire que nous ne sommes pas d’accord d’avoir perdu nos repères ? Avons-nous le droit de dire que nous ne sommes plus capables de vivre ce calvaire du quotidien? Nous sommes pour la démocratie. Nous sommes pour la justice. Nous sommes contre LES INJUSTICES.
Nous trouvons injuste que personne ne nous représente. Nous trouvons injuste de tout accepter sans pouvoir ne rien dire. Nous trouvons injuste de devoir vivre avec cette situation et de devoir la concilier à notre travail, notre vie familiale et personnelle.
En espérant que l’entente de principe annoncée aujourd’hui par les deux parties soit approuvée rapidement par les syndiqués.
Isabelle Mérino et Michel Robertson
Une famille de Mercier