Dans la peau de leurs personnages préférés

le mercredi 20 avril 2016

Samantha Fermon s’est longtemps fait dire que le cosplay, c’était pour les enfants.

«Les gens te comprennent tout dépendant s’ils te voient comme un artiste ou comme une personne qui joue à des jeux pour enfants. Ç’a pris du temps avant que mon père accepte que je dépense mon argent pour le cosplay. Aujourd’hui, il comprend ma passion. Il a vu à quel point ça demande de la préparation et de la recherche», raconte la jeune femme de Sainte-Catherine.  

Elle pratique depuis six ans le cosplay, une réunion des mots «costume» et «play». Elle a été traitée de geek et de nerd à maintes reprises durant son secondaire.

«J’aimais tout ce qui est anime et manga. J’étais la rejet de l’école. Quand tu aimes ces affaires-là, on rit de toi», raconte la cosplayeuse de 21 ans.

Aujourd’hui, il semble pourtant que la tendance est à la culture dite geek.

«Ça m’énerve beaucoup, admet-elle. Je me suis fait niaiser pendant cinq ans en me faisant traiter de tous les noms. Je me disais: mais c’est quoi le mal d’aimer ça? Aujourd’hui, les filles publient des photos d’elles avec un t-shirt de gamer pour dire qu’elles le sont. Les vrais gamers se cachent dans leur sous-sol et ne disent pas à tout le monde qu’ils jouent aux jeux vidéo.»

Elle s’est initiée à cet univers grâce à une amie.

«J’avais commandé un costume pour Noël sur internet et on m’a dit que des gens faisaient du cosplay. Je pensais qu’il s’agissait pourtant simplement d’un déguisement», explique-t-elle.

Comme Samantha Fermon, Sarah Grenier a aussi plongé dans la personnification avec des amis.

«Ils allaient dans des conventions et faisaient leurs costumes. Je me suis dit: euh, ce n’est pas l’Halloween pourtant! J’ai décidé de les suivre et d’assister à une journée dans une convention en 2012. C’est là que j’ai vu à quel point la communauté est grosse. J’ai eu la piqûre!» affirme la jeune femme de Candiac.

Temps et argent

Les deux cosplayeuses investissent temps et argent dans leur passion, avec la volonté de recréer parfaitement le personnage de leur rêve.

«Tu dois aimer le personnage. Tu ne peux pas incarner quelqu’un sans l’aimer. Tu ne peux pas mettre 200 heures de travail dans un costume que tu n’aimes pas», explique Samantha Fermon, qui un penchant pour les filles sensibles aux allures de dure.   

«Je peux dépenser jusqu’à 500$ pour un costume, ajoute-t-elle. Je veux les mêmes reflets, les mêmes tons de couleur. Je suis perfectionniste.»

La Sainte-Catherinoise a décidé d’acheter ses prochains costumes plutôt que de les confectionner elle-même.

«Je vivais le stress de ne peut-être pas les finir à temps. Cette année, je veux en profiter. Il n’y a qu’une seule fois que je n’ai pas eu besoin de ma machine à coudre dans ma chambre d’hôtel avant les conventions», mentionne-t-elle.

«Je suis très dernière minute, admet aussi de son côté Sarah Grenier, qui coud elle-même ses costumes. Mes amis sont découragés. Je me lance toujours de gros défis dans mes personnages.»

Environ la moitié de son temps de préparation est accordée à la recherche et à l’achat des matériaux.

«Certains tissus peuvent être difficiles à trouver, mentionne la Candiacoise. Quand tu cherches une texture en particulier, soit ils ne l’ont pas, soit qu’ils la vendent à un prix de fou.»

Les magasins à 1$ sont devenus des alliés pour la jeune femme.

«Je cours les rabais. J’ai déjà acheté une arme en plastique pas chère pour la peindre comme la vraie», raconte-t-elle.

Sarah Grenier accumule toutes sortes d’objets dans des bacs à la maison pour des futurs costumes.

Image sexy

Les deux femmes sont conscientes qu’une image négative du cosplay est parfois véhiculée, notamment en ce qui a trait aux costumes sexy.   

«Ce n’est pas parce que mon personnage est sexy que tu as le droit de faire des commentaires, fait savoir Sarah Grenier. Tu ne peux pas me toucher à des endroits que je ne veux pas parce que je suis à l’aise de me promener avec le costume d’un personnage que j’aime.»

Un mouvement de dénonciation, Cosplay is not consent («Cosplay ne veut pas dire consentement»), gagne d’ailleurs en popularité au sein de la communauté.

La définition du cosplay

Le cosplay est la liaison entre les mots costume et play, ce qui signifie littéralement «jouer un personnage de fiction». Comme la cosplayeuse Sarah Grenier l’explique, faire du cosplay et se déguiser est différent. Le premier exige de se costumer en un personnage en particulier d’une série. Par exemple, on peut se déguiser en vampire pour s’amuser et faire un cosplay de Dracula.

Les amateurs aiment les personnages de jeux vidéo, de séries d’animation japonaises et de mangas, les bandes dessinées japonaises qui se lisent à l’envers. Les super-héros et les princesses ravissent également les plus jeunes.

Les cosplayeurs se réunissent dans des conventions où ils participent à des séances photo et à des concours. Il existe quatre grandes conventions au Québec, dont Otakuthon à Montréal. Cet évènement attire plus de 20 000 amateurs par année en août.