Dans les coulisses d’un combat de kickboxing

le jeudi 31 mars 2016

Samuel Cloutier a livré son 3e combat de kickboxing à vie au Casino de Montréal, le 21 mars, dans le cadre du tournoi Aisudan. Lui et son entraîneur André Blais, du Gladiateur Gym à La Prairie, ont accepté que Le Reflet les suivent en coulisses pendant la soirée.

Le combattant de 21 ans est arrivé dans l’après-midi pour la pesée. L’aiguille de la balance s’est arrêtée à 138 lb, soit une livre en-dessous du poids maximum pour sa catégorie. Pour sa part, son opposant, Éric Ouellet, de Campbelltown Nouveau-Brunswick, dépassait de 6 lb la limite permise. Samuel Cloutier et André Blais auraient pu refuser le combat.

Le Québécois a été étonné que son opposant ait de «toutes petites mains».

«Méfie-toi!, l’a prévenu son entraîneur en riant. Les mains de ma mère n’étaient pas grosses, mais quand elle nous donnait une claque, ça fessait!»

Le résident de Saint-Mathieu a ensuite vu le docteur qui a vérifié son état de santé. Il s’est aussi assuré qu’il n’ait pas de fracture au nez, aux pieds ni aux mains.

Léger repas

Vers 16h, l’athlète a avalé un repas léger constitué d’un peu de poulet et de patates. «Les patates sont trop bonnes ici. C’est mon petit péché mignon», a-t-il avoué.

Son entraîneur voulait qu’il mange comme un oiseau. «Quand tu as faim, tu vas puiser davantage dans tes ressources d’énergie du corps pendant le combat. Tu es plus enragé aussi. Je ne crois pas à la théorie de ceux qui disent avoir eu une faiblesse parce qu’ils n’avaient pas assez mangé», a dit l’ex-combattant d’expérience.

Excité de se battre

Même si ça faisait beaucoup de monde dans la loge, Samuel Cloutier ne s’en formalisait pas. Il entrait et sortait de la loge pour discuter avec Le Reflet dans le corridor. Une odeur d’Antiphlogistine flottait dans l’air.

«Je suis quelqu’un qui s’habitue très vite», a dit celui qui sautait sur place et fendait l’air avec ses poings par moments.

Nerveux? Plutôt «excité», a-t-il corrigé.

«Il supporte très bien la pression. Ce n’est pas quelqu’un qui va angoisser, a admis son entraîneur. C’est comme s’il avait la maturité d’un combattant qui a livré une cinquantaine de combats.»

«Ça fait au moins un mois, un mois et demi qu’il est en préparation, a-t-il ajouté. Ma femme Chantal Lippé l’a traîné dans d’autres gyms pour qu’il puisse mettre les gants avec des combattants.»

Le combattant est ensuite  allé saluer son père, sa belle-mère et des proches dans la salle. À son retour, il a confié: «mon père pleure presque chaque fois qu’il me voit me battre» tant il est fier.

Il a ensuite enlevé ses lunettes pour se livrer à un entraînement avec son homme de coin, Yanick Rioux, dans un espace en retrait. Comment fait-il pour se battre avec une vision diminuée par la myopie? «Je vois juste ce que j’ai besoin de voir!, a-t-il lancé. Je vise dans le milieu!»

Pour son entraîneur, ce réchauffement est nécessaire. «C’est la première suée. Ça permet à ses poumons de prendre de l’expansion. Comme ça, il a plus de facilité à obtenir son deuxième souffle une fois dans le ring», a mentionné André Blais.

L’entraînement permet aussi de voir si le «timing» dans l’enchaînement des coups est bon.

«Il est prêt», a affirmé M. Rioux.

Enfin, André Blais a invité son poulain à l’affronter pendant quelques minutes (vidéo). Il l’atteignait volontairement à l’occasion ou le provoquait gentiment pour le faire sortir de ses gonds. «T’as l’air d’un poids lourd!», lui a-t-il lancé à un certain moment.

«C’est bon de le mettre un peu en situation de stress et de danger, a expliqué son entraîneur par la suite. S’il est trop confortable, il va dormir dans le ring, et c’est un peu sa difficulté.»

Le combat

Constitué de trois rounds de deux minutes chacun, il s’est amorcé doucement. Chaque combattant semblait étudier l’autre et tentait de donner les huit coups de pied minimum requis par segment.

Au 3e round, Samuel Cloutier s’est métamorphosé. Sentant la fin approcher, il a «ouvert la machine» et s’est mis à cogner son adversaire avec force et vigueur, tel un animal enragé. Il a même réclamé le soutien de la foule, contribuant à donner un bon spectacle. Il s’est néanmoins incliné par trois scores identiques de 28-29. Les juges de l’émission de téléréalité à TVA Sports 2 ont encensé sa hargne à la fin.

Sur l’adrénaline

De retour dans les loges qui commençaient à sentir davantage la sueur que l’Antiphlogistine, Samuel Cloutier flottait toujours sur un nuage.

«J’ai ouvert trop tard, mais j’ai donné tout ce que j’avais. Je ne suis pas gêné de ma performance. J’aurais pu refuser le combat, et je sais que j’ai donné un bon show», a-t-il commenté, heureux, sous le regard approbateur de son entraîneur.

«Je n’ai jamais eu un buzz de même au menton, a-t-il ajouté en se regardant dans le miroir pour voir s’il avait une blessure au visage. Je n’ai jamais eu mal aux mains comme ça à cogner aussi fort avec les gants.»

Lentement, l’adrénaline retombait. Samuel Cloutier commençait à ressentir une douleur à l’épaule gauche.

«À mon premier combat, mon adversaire m’a donné plusieurs coups de pied à l’épaule et j’ai été une semaine à ne pas pouvoir lever mon bras», a raconté le combattant, les yeux brillants.