Le défi d’être mère de triplés pour une résidente de Saint-Philippe

le jeudi 28 septembre 2017

Lorsque Chantal Champagne a su à son échographie qu’elle attendait des triplés, son univers s’est figé. Elle admet, avec humour, que la nouvelle a été difficile à encaisser en cette journée du 1er décembre 2015.
«C’est comme si la pièce de l’hôpital où je me trouvais s’était recouverte de givre et que je voyais mon souffle. Mon cerveau s’est arrêté. C’était plus qu’une bombe. J’avais 39 ans et, égoïstement, je me demandais ce qu’il allait arriver avec ma vie de couple», raconte la résidente de Saint-Philippe. Elle souhaitait cependant devenir enceinte.
Si son conjoint, Yohan Mercier, a réagi avec un mélange de pleurs et de rires, il a fallu un certain laps de temps pour que la maman se prépare à son nouveau rôle.
«J’étais à cheval entre ce qui était et ce qui sera. C’est rendu à la 14e semaine de grossesse que le déclic s’est produit. J’ai réalisé que ma vie d’avant n’avait plus d’importance et que mon objectif était de mener ma grossesse de manière à ce que mes enfants soient en santé», poursuit-elle.
Aucune complication n’est survenue jusqu’au 2 juin 2016, moment où une césarienne a été pratiquée pour mettre au monde ses filles Sophia-Rose et Abigaëlle – toutes deux identiques –, et son fils Noah.
«Ils sont nés prématurés comme tous les triplés et ils sont restés un mois à l’hôpital. J’en ai profité pour récupérer de la césarienne», précise-t-elle.
 
Moments difficiles
Le retour à la maison a été difficile pour Chantal Champagne qui s’est retrouvée à s’occuper à temps plein de trois bébés. Même si elle comptait sur l’aide de sa mère et ses deux sœurs, en plus de son conjoint, la situation n’était pas des plus roses.
«Le mot d’ordre quand tu es parents de triplés, c’est routine!»
– Chantal Champagne
«Je ne dormais plus. J’avais trois nouveau-nés à qui je devais donner une douzaine de boires et changer en moyenne 28 fois de couches dans une même journée. Je ne pouvais pas tout faire. J’ai demandé du soutien du CLSC. Ils m’ont envoyé deux infirmières auxiliaires. Ça ne s’était jamais vu», témoigne la maman.
Mme Champagne est membre d’un site dédié aux parents de triplés. Elle a découvert qu’afin de prendre le dessus, elle se devait, tout en tenant compte des besoins de ses enfants, leur imposer une routine.
«On ne pouvait pas mon chum et moi tolérer qu’un boive à telle heure et les deux autres à des moments différents. C’était complètement fou. Si un de nos enfants veut son biberon à 1h du matin, on réveille les deux autres et on donne leur donne aussi», souligne-t-elle.
«Même principe pour les siestes, ajoute-t-elle.
Âgés aujourd’hui de 16 mois et fréquentant le CPE de leur quartier, les triplés ont su s’adapter à la routine, ce qui a permis à leur mère de souffler un peu, même si le couple ne s’accorde pas beaucoup de répit.
«Ça va de mieux en mieux. Mes enfants dorment vers 19h, 19h30 et se lèvent vers 6h30. Quoique Noah se réveille vers 5h», précise la maman.
Les parents, Yohan Mercier et Chantal Champagne et leurs trois enfants: Sophia-Rose, Abigaëlle et Noah.
Aucun regret
Durant l’entrevue, Chantal Champagne a souligné que son conjoint et elle n’ont aucun regret d’être les parents de triplés. Et ce, même si parfois les problèmes peuvent être multipliés par trois.
«Quand un revient du CPE avec la grippe, tout le monde va l’avoir, affirme-t-elle. Comme parents, on rencontre des difficultés dans le quotidien et ce n’est pas de tout repos. Il faut s’adapter. Le principal défi, en ce moment, c’est le ménage dans la maison. J’essaie de garder la tête sortie de l’eau.»
 
«Pas des bêtes de cirque» 
Chantal Champagne sait qu’elle ne passe pas inaperçue lorsqu’elle se promène avec ses triplés. Si elle peut comprendre qu’elle attire l’attention, elle déplore cependant les nombreuses remarques inappropriées des gens.
«À plus de 90%, ce sont des commentaires du genre « Ah! Mon Dieu! T’as pas fini! Tu n’as plus de vie! » Ce sont des petites phrases assassines. Ça me blesse personnellement. Les gens ne se posent pas la question à savoir si leur commentaire est pertinent ou non.  Ils prennent la liberté de venir vers nous pour exprimer leurs états d’âme», mentionne-t-elle.
Elle déplore aussi les attroupements que peuvent susciter ses enfants.
«J’ai envie qu’on regarde mes enfants comme des individus à part entière et non comme les triplés Mercier, insiste-t-elle. Ce ne sont pas des bêtes de cirque.»