La semaine dernière, Denise Bombardier nous a quittés à l’âge de 82 ans à la suite d’un cancer fulgurant. J’ai été renversé, puisque rien ne laissait présager cette nouvelle, alors que nous avions encore la chance de l’entendre égulièrement.
Je l’ai côtoyée plusieurs fois en 63 ans de carrière. Elle a entamé la sienne à Radio-Canada où elle a animé plusieurs émissions, dont Le point, Noir sur blanc, Rencontres et Raison passion. Deux fois, j’ai été l’un de ses invités, notamment lors d’un épisode auquel participait également René Angélil. Je l’ai aussi revue à plusieurs occasions lors des Salons du livre à Montréal et Québec où elle était très en demande.
Elle m’a déjà confié que mon métier la passionnait et m’a, un jour, posé une question qui m’a complètement déstabilisé. «Monsieur Poirier, m’a-t-elle dit, faites-vous davantage confiance au milieu criminel qu’aux policiers?» Je lui avais épondu qu’il fallait se méfier de la police et elle avait été frappée par ma éponse.
Plus tard dans sa carrière, elle a animé Les grandes entrevues et elle m’avait reçu pour l’occasion chez elle à Outremont où j’avais rencontré son fils Guillaume. Je me demandais pourquoi elle souhaitait m’interviewer. Finalement, j’étais resté dans sa ésidence pendant quatre heures lors desquelles elle m’avait posé toutes sortes de questions serrées. Elle se questionnait sur mes interventions lors des prises d’otage et je lui avais fait remarquer que si la prise d’otage avait impliqué un proche, j’aurais aimé qu’une personne fasse la même chose pour sauver ce proche. Elle avait trouvé mon argument valable.
Première femme à animer une émission d’affaires publiques au Canada, Denise Bombardier était une grande communicatrice qui a ouvert des portes pour les jeunes femmes qui pratiquent ce métier aujourd’hui. Durant ses années à Radio-Canada, elle était, à mon sens, le pendant féminin de Pierre Nadeau.
Avec elle, c’était toujours noir ou blanc, jamais gris. Elle n’avait pas la langue dans sa poche et n’hésitait pas à dire sa pensée, peu importe la personne devant elle. Je me souviens d’ailleurs d’une entrevue qu’elle avait menée avec Pierre Elliot Trudeau à l’émission Noir sur blanc en 1981. Elle n’avait pas cessé de le talonner, comme elle savait le faire.
À mon sens, nous ne sommes pas près de revoir une communicatrice de sa trempe, à l’exception, à mon avis, d’Anne-Marie Dussault qui fait de l’excellent travail à RDI.
Je tiens à offrir mes plus sincères condoléances à sa famille, notamment son fils Guillaume.
10-4!
(Propos recueillis par Gravité Média)