Des électriciennes du Roussillon font leur place

le mercredi 8 mars 2017

Marie-Ève Daudelin et Marilyne Bédard exercent un métier non traditionnel. Un emploi où les collègues de travail et clients ne s’attardent plus au fait qu’elles sont des femmes, mais plutôt sur leurs capacités à accomplir leur travail. Les temps seraient-ils en train de changer?

«Quand tu commences dans le métier, tu risques de te faire écœurer, non pas parce que t’es une femme, mais parce que tu ne connais rien. Là, ça fait 10 ans que je suis électricienne. J’ai une bonne base. J’ai confiance en moi. J’ai fait mes preuves», raconte Marie-Ève Daudelin.

«Certains sont surpris quand ils [ou elles] apprennent que je suis électricienne, mais c’est un métier comme un autre», intervient Marilyne Bédard.

Toutes deux sont à l’emploi des Entreprises d’électricité C. Bédard à Saint-Constant, une PME familiale depuis plus de 35 ans. Maryline Bédard est la fille du propriétaire, Sylvain Bédard.

«J’ai dix employés, dont deux femmes, c’est dire que 20% de ma main-d’œuvre est féminine», souligne avec fierté M. Bédard.

«Chaque personne qu’on engage, que ce soit un homme ou une femme, a sa place. On connaît les capacités de chacun», ajoute-t-il.

Préjugés

Malgré tout, certains préjugés subsistent encore, reconnaît Sylvain Bédard. Celui-ci n’hésite pas à mettre les choses au clair, au besoin, avec ses clients.

«Un jour, un entrepreneur m’a dit qu’il ne voulait pas de filles sur son chantier. Je lui ai dit qu’il avait alors deux choix: soit que je lui envoyais les filles ou qu’il devait trouver un autre entrepreneur-électricien, raconte M. Bédard. Parmi notre clientèle, beaucoup de personnes, dont des femmes, veulent ravoir Marie-Ève ou Maryline.»

Lorsqu’elle était à la recherche d’un emploi, Marie-Ève Daudelin se souvient d’avoir été convoquée en entrevue juste pour satisfaire «la curiosité» d’un employeur de la région.

«Je ne sais pas comment c’est venu sur le sujet, mais il fallait que je lui dise que j’avais un enfant. Le propriétaire, qui était vieux, m’a demandé qui s’occupait de mon enfant pendant que je travaillais. C’est comme si je n’avais pas le droit de travailler et que je devais rester à la maison parce que j’avais un enfant. J’ai quitté en me disait que c’était un épais», se souvient l’électricienne.  

Pour Sylvain Bédard, cette anecdote de son employée est l’exception qui confirme la règle.

«De plus en plus d’entrepreneurs sont éveillés [ouverts]», souligne-t-il.

S’il y a évolution des mentalités, M. Bédard reconnaît cependant que la présence d’électriciennes sur des chantiers peut-être parfois difficile.

«Il y a des gars qui vont être en crisse parce que des femmes ne seront pas capables de lever une bobine de fil. Mais il y a des gars qui ne sont pas capables non plus! Des machos dans la construction, surtout dans les gros chantiers, il y en a. Et il y a sûrement des femmes qui doivent se faire barouetter», déplore-t-il.  

Deux parcours différents

Les parcours qui ont amené Marie-Ève Daudelin et Marilyne Bédard à devenir électriciennes diffèrent. Dans le cas de la fille de Sylvain Bédard, le choix était évident.

«Quand il y avait des congés pédagogiques à l’école, j’allais toujours travailler avec mon père. C’est venu naturellement. Je ne me suis pas posé de questions. Dans l’électricité, tu touches à tout. Tu mets les boîtes, tu passes les fils, tu fais la finition, etc. J’aime cette diversité», dit-elle.

Pour Marie-Ève Daudelin, c’est l’attentat à New York du 11 septembre 2001 qui l’a obligée à réorienter sa carrière.

«J’avais fait un cours en montage de structure aérospatiale. Je sortais de l’école et les avions venaient de s’écraser dans les tours. Je me suis retrouvée à faire des fenêtres à 10$ de l’heure. J’ai un oncle plombier qui disait que je devrais aller sur la construction et devenir électricienne», explique-t-elle.

 

Les électriciennes en chiffres au Québec en 2014

189 : nombre d’électriciennes.

1,1% : proportion d’électriciennes.

17 491 : nombre d’électriciens.

(Source: Corporation des maîtres électriciens du Québec)

 

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