La crise du logement s’invite dans les salles des hôpitaux, déplore un groupe de médecins. En conférence de presse le 3 octobre, ils ont réclamé des investissements massifs immédiats des gouvernements provincial et fédéral dans le logement social, aux côtés de la mairesse de Longueuil Catherine Fournier et de la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie.
Parmi leurs revendications, ils souhaitent que les gouvernements investissent dans le logement social «comme ils s’occupent de la santé, de l’éducation et des infrastructures».
Les perspectives démographiques et la pénurie de logements laissent entrevoir que le problème n’ira qu’en s’aggravant, soutiennent-ils.
Du logement à l’hôpital
Quel est le lien à faire entre la crise du logement et la santé? Le médecin de famille Felix Le-Phat-Ho explique.
«Le logement accapare tellement de ressources financières qu’ils sont nombreux à ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins. On a beau leur prescrire des médicaments, des consultations en physio, en psycho, ils nous disent : moi, je ne peux pas y aller, je ne peux pas me payer ça», affirme celui qui pratique notamment à l’hôpital Anna-Laberge de Châteauguay.
M. Le-Phat-Ho, qui représentait le groupe de médecins lors de la conférence, ajoute que les moisissures et l’humidité sont un grand facteur de risque chez les enfants de maladies comme l’asthme, les infections respiratoires ou les allergies hivernales.
Et c’est sans compter le stress de la précarité résidentielle, peut mener vers des problèmes de santé mentale importants, renchérit-il.
«La souffrance de nos patients nous pousse à réclamer des actions concrètes des gouvernements.»
-Felix Le-Phat-Ho, médecin de famille
«Nous avons besoin de plusieurs milliers de nouveaux logements sociaux dans les prochaines années, d’un grand chantier national et d’un grand projet collectif de logements publics et communautaires, stat», conclut-il, en empruntant au vocabulaire médical pour signifier l’urgence de la situation.
Logements disponibles inexistants
Pour Catherine Fournier, c’est évident, il y a une crise du logement à Longueuil «et partout au Québec».
Elle souligne d’ailleurs que 25% des ménages longueuillois habitent un logement qui ne correspond pas à leurs besoins, c’est-à-dire qu’ils doivent payer plus de 30% de leur revenu pour se loger, que le logement est insalubre ou trop petit pour la taille de famille.
«C’est préoccupant parce que c’est d’autres besoins fondamentaux qui sont affectés», indique-t-elle.
La mairesse évoque en outre que le taux d’inoccupation accepté dans le milieu pour garder un équilibre dans le marché locatif est de 3%. Or, à Longueuil, le pourcentage est en deçà des 3% pour toutes les catégories de logement et c’est pire pour certaines catégories de ménages.
«Par exemple, pour les logements les 20% moins chers, le taux d’inoccupation est à 0,3%. Et c’est encore pire quand on regarde les 2 ou 3 chambres et plus. Là, on est plus à 0,1%», mentionne-t-elle.
Cette dernière réitère le rôle crucial des gouvernements fédéral et provincial sur le sujet, «parce que ce sont eux, les mandataires des programmes qui vont financer les nouvelles unités pour le logement social». Elle soutient néanmoins que les villes ont leur responsabilité, notamment pour le logement abordable.
«On souhaite se responsabiliser à Longueuil. On est en train de bâtir une stratégie très audacieuse avec des cibles d’abordabilité et de mise hors marché», assure Catherine Fournier.
«À l’heure actuelle, pour chaque unité qu’on réussit de peine et de misère à construire en termes de logement social et abordable, dans le Grand Montréal, on en perd 17.»
-Catherine Fournier, mairesse de Longueuil