D’esthéticienne à soudeuse

le mardi 7 mars 2023

Quand elle était petite, Valérie Perreault rêvait de bâtir des maisons, mais on lui répétait à la blague qu’elle n’arriverait jamais à «tenir un deux par quatre» en raison de sa physionomie délicate. Bien qu’elle ait d’abord entrepris une carrière d’esthéticienne, elle a finalement suivi son instinct et dévié vers le milieu de la construction où elle pratique le métier de soudeuse depuis 12 ans. 

À force de se faire dire qu’elle ne pourrait pas construire des maisons, Valérie Perreault avait fini par y croire. «Je m’étais tournée vers un métier plus féminin, celui de l’esthétique», mentionne-t-elle. Après deux ans, la jeune femme a réalisé que ce n’était pas suffisamment payant pour elle. «Il aurait fallu que je me lance à mon compte», raconte-t-elle. 

Elle a alors quitté son travail et est devenue serveuse dans un restaurant. Pour la première fois, elle côtoyait autant des hommes, en cuisine, que des femmes, au service. «À ce moment-là, j’ai réalisé que je préférais travailler avec des hommes. Avec eux, je ne ressens aucune comparaison ni de compétition», explique-t-elle. 

De l’électrolyse à la soudure

Originaire de Victoriaville, elle a suivi son conjoint dans la région de Châteauguay en 2008. «Je me suis dit: changement de ville, changement de vie!» raconte-t-elle. Avec l’aide du programme Option ressource travail à Valleyfield, elle a alors entrepris un processus de réorientation axé sur les métiers non traditionnels. Elle a eu l’occasion d’essayer différents métiers, dont celui de la soudure. 

C’est alors qu’elle a découvert le procédé de soudage au Tig, une technique de soudure à l’arc avec une électrode non fusible. «J’avais l’impression  que je m’en allais faire de l’électrolyse! La machine de Tig, c’est la même chose. Tu as de l’ampérage et de la haute fréquence. Je me suis dit: je pense qu’on tient quelque chose! » relate la résidente de Sainte-Martine.

Après une formation de deux ans pour compléter son DEP en soudure, Valérie Perreault a été rapidement embauchée à la compagnie Inox-tech Canada à Sainte-Catherine où elle effectuait son stage. Elle y est toujours après 12 ans. 

Trop peu de soudeuses

Peu de femmes se tournent vers ce corps de métier. Selon les données de la Commission de la construction du Québec (CCQ), en 2020, on recensait 19 femmes sur les 878 soudeurs actifs au Québec, ce qui représente seulement 2%. Pour Valérie Perreault, les femmes ont pourtant des atouts dans ce domaine. «On dit souvent que les femmes sont plus minutieuses que les gars. Le soudage au Tig, c’est une soudure de finition, plus minutieuse», indique-t-elle. 

Mme Perreault n’a jamais voulu se comparer à ses collègues masculins. «Je ne me suis jamais dit : je vais égaler un homme. Je le sais qu’en force physique, je ne l’égalerai jamais. Mais mon cerveau peut être aussi bon qu’un gars, mes mains peuvent être aussi agiles qu’un gars», illustre-t-elle en soulignant qu’il existe des outils pour pallier le manque de force physique. Elle demande également l’aide de collègues lorsque nécessaire.
La Martinoise dit d’ailleurs avoir été très bien accueillie dans son milieu de travail. Valérie Perreault a gagné le respect de ses pairs grâce à ses compétences.

Elle encourage les femmes qui souhaiteraient pratiquer un métier non traditionnel à faire le saut. « Il ne faut pas se laisser abattre par les préjugés que les femmes n’ont pas leur place dans les métiers d’homme. Des jokes de mononcle il va toujours en avoir : soit que tu leur réponds ou tu les ignores», conclut-elle.