La veille de Noël, un détenu de la prison de Bordeaux à Montréal, Nicous D’Andre Spring, est décédé dans des circonstances mystérieuses à la suite d’une altercation avec des gardiens. Selon Radio-Canada, ces derniers lui avaient mis un masque anticrachat et ont utilisé à deux reprises du gaz poivré contre lui.
Un gestionnaire de la prison de Bordeaux a été relevé de ses fonctions, tandis qu’un agent a été suspendu temporairement, ont révélé divers médias. La Sûreté du Québec enquête toujours sur la mort du détenu et la coroner en chef a mandaté une collègue pour présider une enquête publique.
Pour ma part, je suis totalement d’accord avec la famille du jeune homme de 21 ans qui réclame une enquête indépendante du Protecteur du citoyen du Québec, portant également sur le racisme systémique en milieu carcéral. La transparence est nécessaire dans ce dossier et les médias doivent avoir le droit d’assister aux audiences pour en rapporter le déroulement.
J’ai constaté au fil de ma carrière qu’il est extrêmement difficile d’avoir des informations sur des décès survenus en milieu carcéral. Il faut souvent se fier uniquement sur les témoignages des agents sur place. Évidemment, certains d’entre eux sont consciencieux et professionnels dans leur travail. Je comprends également qu’il s’agit d’un travail difficile. Cependant, il y a, parmi les gardiens de centres de détention, des gens frustrés qui ont tenté de devenir policiers et qui se sont retrouvés à occuper cet emploi parce qu’ils n’y sont pas arrivés. Plutôt que d’être embauchés comme agents de sécurité, ils ont postulé pour être gardiens de prison.
Dans ce dossier, le détenu ne possédait pas d’antécédents de violence et il aurait dû être libéré la journée avant sa mort sur ordre de la Cour. Est-ce que ces circonstances ont créé un climat de tension? Je pense que oui, mais seule une enquête indépendante qui n’est pas dirigée par des représentants d’organismes gouvernementaux pourra aider les proches de Nicous D’Andre Spring à faire la lumière sur ce qui lui est arrivé. Le dernier recours pour ses avocats sera peut-être de poursuivre le ministère de la Sécurité publique.
10-4!
(Propos recueillis par Gravité Média)