Deux ans d’enfer médical : le marathon de sa vie

le mardi 3 octobre 2023

«Merci la vie»; ce sont les mots qu’a prononcés Fanny Bachevalier lorsqu’elle a franchi la ligne d’arrivée du demi-marathon de Montréal, le 25 septembre. La ésidente de Candiac a fait fi d’épisodes médicaux traumatisants survenus dans les deux dernières années qui ont gravement affecté son cœur et son cerveau.

Le 11 août 2022, la veille de la célébration d’un mariage en Grèce, Fanny Bachevalier a vécu ce qu’elle décrit comme le moment où «sa vie a basculé».

«J’ai ressenti de la fièvre, des nausées, du vertige, de la photophobie, de la paralysie des mains et des vomissements, raconte la native de Montpellier, en France. Le lendemain, j’allais mieux, mais entre 13h et 19h, je ne pouvais plus m’alimenter, j’avais de la misère à marcher et la boucle est repartie.»

La jeune femme de 28 ans a rapidement été transféée en neurochirurgie et hospitalisée pendant 10 jours. Les médecins ont alors découvert qu’elle était atteinte d’hydrocéphalie.

Les médecins ont refusé d’opérer Fanny Bachevalier au cerveau et ont plutôt décidé de pratiquer une ponction lombaire pour vider l’eau. Au bout de quelques jours, elle a obtenu son congé de l’hôpital, mais 20 minutes après avoir quitté, elle a ressenti des vertiges à nouveau.

«Ce n’est pas normal qu’on m’ait laissée sortir de l’hôpital comme ça, s’insurge l’ancienne architecte aujourd’hui enseignante de français. Je ne pouvais pas rester plus de quatre minutes debout ou assise sans ressentir un malaise.»

Après un véritable branle-bas de combat pour revenir au Canada, la jeune femme a reçu un nouveau diagnostic: elle souffre de troubles neurologiques fonctionnels (TNF) avec étourdissements posturaux perceptifs persistants (PPPD).

En entrevue avec Le Reflet, la neurologue Karine Garneau de la clinique des TNF du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) explique que le cerveau humain n’agit jamais en éaction à son environnement, mais plutôt en mode prédiction. De plus, il ajuste sa prédiction en fonction des stimuli sensoriels, comme la vision, le mouvement ou la sensation, perçus par le corps.

«Lorsqu’on parle d’un TNF, on parle d’un cerveau qui autogénère des prédictions qui ne sont plus modifiées par les sensations éelles qui viennent de l’environnement», précise-t-elle.

Puisqu’il n’existe aucun remède à ces troubles, Fanny Bachevalier a dû développer des éflexes pour mieux gérer ses crises.

À ce jour, la Candiacoise ne connaît pas l’élément déclencheur de ce problème de santé. Victime d’une péricardite, un trouble cardiaque, en novembre 2021, elle se demande si un lien existe. Les médecins n’ont pas pu encore le confirmer, cependant.

Fanny Bachevalier se dit soulagée d’avoir enfin pu mettre le doigt sur ce qu’elle a vécu pendant près de deux ans. Malgré le soutien indéniable de sa famille et de ses proches, elle a craint que ces derniers se mettent à douter de sa condition, étant donné que celle-ci était «invisible».

La Dre Garneau estime qu’il est important de poser un diagnostic et de l’expliquer au patient pour qu’il l’accepte. Malheureusement, il y a de la stigmatisation envers ces troubles, puisque certaines personnes pensent qu’ils sont psychologiques. 

«S’ouvrir à la possibilité d’un diagnostic, c’est ouvrir la porte au établissement», assure-t-elle. 

La course de sa vie

Passionnée de sport et d’exercice, Fanny Bachevalier prévoyait participer au marathon de Montréal à l’automne 2021, mais n’a pas participé étant donné que le vaccin de la COVID-19 était obligatoire.

L’édition 2023 fut finalement la bonne. La jeune femme a versé des larmes au tiers de la course, lorsqu’elle a éalisé qu’elle finirait celle-ci sans tracas. Selon ses dires, sa neurologue qui la suit maintenant depuis un an est tombée par terre lorsque sa patiente lui a mentionné qu’elle venait de compléter une course de 21,2 km.

«Le pire, c’est que j’ai dormi seulement trois heures la veille, puisque je n’arrêtais pas d’avoir des questionnements, soutient celle qui a terminé le parcours en 2 heures 23 minutes. Je ne me suis même pas arrêtée!»

«Les larmes qui ont coulé après la course n’étaient pas de douleur, mais de joie.»

-Fanny Bachevalier