Difficile d’aller à l’épicerie sans voiture

le mercredi 5 juillet 2017

L’aménagement typique de la banlieue, axé sur l’utilisation de la voiture, a créé des déserts alimentaires sur une partie du territoire, d’après une étude initiée par Kateri en forme.

L’organisme a travaillé en collaboration avec l’organisation Vivre en Ville et les intervenants concernés par les questions alimentaires dans la région, comme la MRC, les Villes, les organismes communautaires et les établissements de santé. La démarche s’est étalée sur plusieurs mois, dont une journée de remue-méninges, le 22 mars.

Pour qu’un quartier ne soit pas considéré comme une zone de faible accès alimentaire, il doit préférablement être à environ 15 minutes de marche d’une épicerie ou d’une fruiterie.

«Ça ne semble pas si loin pour se rendre au commerce, mais ça peut être long quand on revient avec ses sacs après par contre», rappelle Cathy Lepage, directrice du Complexe Le Partage.

L’étude fait le constat que plus de la moitié des adresses civiques du territoire de Kateri sont situées en dehors de cette zone de temps de marche. D’après une carte présentée dans le rapport, plusieurs de ces résidences se trouvent à Saint-Constant, Candiac et Delson.

«Notre mode d’aménagement urbain fait en sorte que tous les commerces sont regroupés à un seul endroit, ce qui crée des quartiers où il y a des déserts alimentaires», explique Virginie Bernier, coordonnatrice de Kateri en forme.

Elle cite en exemple les commerces de la route 132, où il est difficile de se rendre autrement qu’en voiture.

«Aujourd’hui, les supermarchés sont toujours plus gros et ont besoin d’espace, ajoute Mme Lepage. Ils vont donc ailleurs que dans les quartiers, comme en bordure des autoroutes. Les personnes qui n’ont pas de voiture ne peuvent pas y aller.»

Si les résidents ne peuvent se rendre à pied vers les commerces d’alimentation, ils devraient au moins pouvoir le faire via le réseau de transport en commun, estime Kateri en forme.

«Mais il y a beaucoup de zones non desservies, affirme Mme Bernier. Nous avons souvent interpellé les Villes à ce sujet. Elles sont conscientes qu’elles peuvent jouer un rôle dans la qualité de vie de leurs citoyens.»

Pistes de solutions

L’organisme fournit plusieurs pistes de solutions, dont l’amélioration de l’offre alimentaire des commerces de proximité.

«Les dépanneurs et les petites épiceries pourraient avoir plus de produits frais par exemple, explique Mme Bernier. Nous voulons discuter avec eux, afin de travailler en collaboration. Nous ne voulons pas imposer nos idées.»

La livraison à domicile de l’épicerie est également une solution simple, ajoute Mme Lepage.

Un projet de jardins collectifs, qui permettrait de fournir aux organismes communautaires des fruits et légumes, est aussi à l’étude.

Le rapport reconnaît que l’offre alimentaire et l’étalement urbain sont liés. Ainsi, le développement des aires TOD (axées sur le transport en commun) et POD (axées sur les déplacements à pied) pourraient changer la donne au cours des prochaines années.

«C’est une occasion de créer des milieux de vie plus complets», est-il indiqué dans l’étude.

«En banlieue, nous sommes habitués à avoir notre cour et à ne pas être proches de notre voisin, dit Mme Bernier. Mais la densification peut favoriser la proximité des commerces.»

Kateri en forme souhaite créer des environnements favorables à la saine alimentation partout sur le territoire.

«Si les fruits et les légumes ne sont pas facilement accessibles, les gens seront condamnés à manger de la malbouffe», soutient la coordonnatrice de l’organisme.

Les constats de la démarche

La majorité des quartiers résidentiels du territoire de Kateri sont monofonctionnels, donc dépourvus de la plupart des services d’alimentation.

La majorité des commerces alimentaires se situent à proximité de routes à haut débit de circulation.

Les voies de transport actif, comme les trottoirs et les pistes cyclables, qui mènent aux commerces d’alimentation sont limitées.

Le service de transport en commun est conçu en grande partie pour se rendre à Montréal.