Difficile de connaître le nombre exact de familles homoparentales au Québec

le mardi 3 mai 2016

Combien y a-t-il de couples de même sexe avec enfant au Québec? Impossible d’y répondre, selon Mona Greenbaum, directrice générale de la Coalition des familles LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenre).

«On n’a pas de chiffres précis sur le nombre d’homosexuels pour plusieurs raisons. Parmi elles, ce n’est pas tous les gays qui vont répondre honnêtement à la question. C’est impossible de connaître le nombre d’homosexuels. Est-ce qu’ils représentent 5% ou 10% de la population? On n’en a aucune idée. Et pour les familles homoparentales, c’est encore plus complexe de connaître leur nombre», explique-t-elle.

Elle ajoute que la situation se complique selon la définition que les chercheurs et recenseurs donnent aux familles homoparentales.

«Par exemple, poursuit-elle, un enfant dont un des parents [un homme et une femme] fait son coming out tardivement peut se retrouver par la suite dans une situation d’homoparentalité. Or, celle-ci n’est pas comptée [dans le recensement]. Il y a une grande diversité de situations.»  

«Un défi de taille»

La Direction de la recherche, de l’évaluation et de la statistique du ministère de la Famille semble donner raison à Mona Greenbaum.

Dans son bulletin trimestriel Quelle famille du printemps 2015, consacré sur les familles et les personnes qui les composent, on y lit que dénombrer les couples de même sexe représente «un défi de taille». 

«Certaines personnes peuvent être réticentes à déclarer vivre avec un conjoint du même sexe de peur de subir les contrecoups de leur divulgation de leur orientation sexuelle (…). La formulation des questions du recensement peut créer de la confusion dans les choix de réponse proposés», lit-on dans le document.  

Malgré tout, le ministère de la Famille indique qu’en 2011 le Québec comptait 1 410 couples de même sexe avec un ou des enfants. Un chiffre en deçà de la réalité lorsqu’on sait que la Coalition des familles LGBT du Québec a dans ses rangs quelque 1 500 familles homoparentales.

Toujours dans le bulletin, on apprend que les couples de femmes avec enfants représentent plus des trois quarts des familles homoparentales. Ce constat n’étonne pas Mme Greenbaum.

«Les gens ont une vision sexiste de la famille. La famille est vue comme un monde de femmes. Si l’idée que deux femmes peuvent élever un enfant met la moitié de la population mal à l’aise, c’est moins pire par rapport à deux hommes. Les gens croient que l’enfant aura des lacunes s’il est élevé par deux hommes. C’est faire preuve d’homophobie, mais aussi de sexiste de penser ainsi.  Les hommes, qu’ils soient hétéros ou homosexuels, s’impliquent beaucoup auprès de leur famille», souligne-t-elle.

Des propos repris dans le bulletin Quelle famille où l’on mentionne que les hommes gays «qui veulent devenir pères peuvent notamment être confrontés à différents mythes et stéréotypes négatifs, à de la désapprobation sociale et à la dévaluation de leurs compétences parentales.» 

 

Familles homoparentales au Québec en 2011

77% : pourcentage de familles homoparentales composées par des couples féminins.

22% : pourcentage de familles homoparentales composées par des couples masculins.

 

De la formation  

Outre défendre et représenter les familles LGBT, la Coalition est présente dans une douzaine de facultés d’éducation. «On enseigne aux futurs enseignants afin qu’ils aient de l’information sur la diversité familiale et aussi sur la situation de l’homophobie dans les écoles. Celle-ci existe malheureusement toujours au Québec. On forme de 3000 à 4000 professionnels par année», indique la directrice générale, Mona Greenbaum.

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