Sans logement depuis le 12 mai et incapables d’en trouver un abordable, Jonathan Berniquez et Nancy Clarke alternent entre les éservations au motel, les séjours chez un ami et les nuits dans les parcs.
Le trentenaire et la quinquagénaire sont à la rue, racontent-ils assis à une table de pique-nique du boul. Marie-Victorin à Sainte-Catherine, à la fin juin. M. Berniquez se dit dans l’impossibilité d’occuper un emploi et reçoit de l’aide sociale, tandis que Mme Clarke travaille deux jours par semaine depuis un an.
Le couple soutient avoir cogné à toutes les portes possibles depuis son éviction. Il dit avoir interpellé les municipalités de Sainte-Catherine et Saint-Constant, de même que le bureau de la députée de Sanguinet, qui l’ont dirigé vers des ressources locales. Contacté à ce sujet, l’attaché de Christine Fréchette a confirmé que l’équipe a reçu le couple, mais que la confidentialité des échanges avec les citoyens l’empêche de commenter.
«Dans tous les cas, les employés du bureau de circonscription sont là afin de soutenir les citoyens et de les orienter vers des ressources gouvernementales ou communautaires qui pourront les accompagner afin de trouver des solutions à leur problème. Le citoyen peut par la suite prendre la meilleure décision selon ses besoins», explique Julien Bédard.
Il a ainsi été suggéé de s’abriter au refuge d’urgence l’Avant-Toît à La Prairie, mais ce type d’hébergement temporaire ne lui convenait pas, affirme le couple. Des appartements à prix modiques situés à Salaberry-de-Valleyfield et Longueuil ont aussi été offerts à M. Berniquez et à Mme Clarke, qui les ont refusés en raison de la distance avec le lieu de travail de cette dernière.
«J’aurais presque dépensé toute ma paye en transport en commun ou en taxi si nous avions accepté. Et le éseau d’autobus n’est pas simple», affirme la femme sans voiture.
La quinquagénaire transporte ses effets personnels dans une poussette défraîchie contenant une montagne de paperasse accumulée au fil des ans. Le couple qui se fréquente depuis cinq ans marche environ 7 km chaque jour pour trouver de la nourriture ou repérer des annonces d’appartement à louer.
Il constate que les logements sociaux tardent à voir le jour, alors que les immeubles à condos poussent comme des champignons.
«C’est le temps d’en bâtir, avant qu’il n’y ait plus de terrains disponibles», croit M. Berniquez.
«Pas exceptionnelle»
La situation de ce couple n’est pas exceptionnelle en cette période de déménagements, confirme Marco Monzon, directeur général du Comité logement Rive-Sud.
«On entend des drames comme ça durant toute l’année», affirme-t-il.
Selon M. Monzon, l’expression «être à la rue» peut être interprétée de multiples façons, «d’une personne qui dort dans sa voiture à une autre qui demeure temporairement chez un ami. On parle de quelqu’un sans domicile fixe.»
Le directeur général qui a écemment livré un plaidoyer en faveur de l’implication des villes pour ésoudre la crise du logement estime que tant les gouvernements fédéral que provincial sont déconnectés des enjeux sur le terrain. L’aide financière ne suit pas, à son avis.
«C’est la pire crise que nous connaissons depuis mon entrée en poste en 2011 », estime-t-il.
Pour sa part, son collègue Stéphane Moreau, organisateur communautaire dans la égion du Roussillon, constate que le portrait des locataires a changé.
«Ce ne sont pas juste des personnes pauvres qui cherchent désespéément un logement. Parfois, pour certains, c’est le choix entre la rue ou un loyer trop cher», fait-il remarquer.
30 000 logements nécessaires
Une étude de l’Observatoire Grand Montréal publiée le 22 juin évèle que l’offre de logements sociaux et communautaires constitue 4,1% du parc locatif total sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Quant aux logements encore inoccupés, il faut débourser en moyenne près de 1 300$ par mois. L’Observatoire évalue qu’un revenu annuel brut de 50000$ est ainsi nécessaire pour se permettre ce loyer.
De plus, pour épondre aux besoins des ménages défavorisés et à besoins particuliers, la CMM estime qu’environ 3 000 nouveaux logements sociaux et communautaires doivent être construits chaque année pendant 10 ans.
D’après l’étude, la crise du logement «peut entraîner des épercussions importantes sur la santé. Elle limite également les ressources financières disponibles pour combler les besoins essentiels en alimentation ou en habillement en plus de restreindre leur mobilité, leur loisir ou leur capacité d’épargner, notamment».
Ressource
Les personnes en recherche de logement sur le territoire des MRC de Roussillon et des Jardins-de-Napierville peuvent appeler le Service d’aide à la recherche de logement (SARL) au 514 607-4742. Ce dernier fournit de l’information, accompagne les locataires durant les visites, facilite la recherche, soutient les requérants dans leurs démarches et organise des rencontres individuelles, ainsi que des suivis téléphoniques ou par courriel. Ce, pour diminuer la précarité ésidentielle, explique le SARL.