Dix jours auront suffi

le mercredi 13 juillet 2016

Lorsque le gouvernement fédéral a adopté un décret d’urgence sur la protection de la rainette faux-grillon à La Prairie, nous avons affirmé publiquement qu’un précédent inquiétant venait d’être créé. Nous étions obligés de conclure qu’un projet qui avait reçu toutes les autorisations nécessaires, y compris celles environnementales, pourrait se voir bloquer du jour au lendemain, et ce, sans qu’aucune compensation ne soit offerte au développeur. C’était il y a seulement dix jours. Dix jours qui auront suffi pour confirmer notre appréhension, mais aussi celle de plusieurs intervenants économiques et municipaux.

En effet, le maire de Boucherville a demandé une intervention du gouvernement fédéral pour mettre fin à un projet déjà autorisé. Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville s’apprête à faire de même.

Soyons clairs: il est essentiel de protéger les espèces menacées et d’assurer la biodiversité au Canada. La protection de l’environnement est importante et les développeurs doivent respecter ce principe. Maintenant, est-ce que les demandes des deux maires cités ci-dessus sont légitimes? Ce n’est pas à notre association d’en juger, mais bien aux experts en la matière, dont ceux des gouvernements provincial et fédéral. Ils ont un travail à faire pour chaque projet et on doit se fier à leur expertise. Cela dit, notre préoccupation porte beaucoup plus sur l’incertitude qu’on vient de créer avec cette nouvelle approche et cette sorte de non-coordination, voire de confrontation qui vient de s’installer entre les deux paliers de gouvernement.

Pour que les entrepreneurs soient intéressés à développer sur le territoire québécois, on doit leur assurer un processus clair et prévisible. Ils ne peuvent faire les frais d’un manque de concertation entre les deux paliers de gouvernement. Qui voudra investir des centaines de milliers de dollars, voire davantage pour entreprendre un projet qui a reçu toutes les autorisations nécessaires alors qu’il sait très bien que son projet pourrait subitement être arrêté? Ils seront très peu à vouloir le faire avec une telle épée de Damoclès au-dessus de leur tête.

C’est pourquoi nous avons écrit aux ministres de l’Environnement du Québec et d’Ottawa pour qu’ils établissent, de façon urgente, un mécanisme de coordination réel et efficace entre leurs gouvernements. Ceux-ci ont le devoir de mettre fin le plus rapidement possible à l’incertitude et d’envoyer un signal clair indiquant que la situation vécue à La Prairie était exceptionnelle et qu’elle allait servir de leçon pour l’avenir.

Nous espérons un engagement ferme des deux paliers de gouvernement à ce sujet, car on le voit aujourd’hui, c’est comme si, avec le décret d’urgence annoncé il y a dix jours, plusieurs ont vu là l’ajout d’une nouvelle corde à leur arc pour ralentir ou bloquer des projets. Une corde qu’ils utilisent déjà… malheureusement.

François-William Simard

vice-président Communications et Marketing

Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec