Dur hiver pour les patinoires

le vendredi 2 février 2024

Les amateurs de sport d’hiver, bredouilles, subissent les aléas de la météo, alors que les températures plus douces que la normale empêchent les villes d’ouvrir leurs patinoires et sentiers de ski de fond pendant plusieurs jours consécutifs. Une réalité avec laquelle tous devront composer au cours des prochaines années, selon des experts.

Les villes desservies par Le Reflet ont pu ouvrir leurs patinoires entre 3 et 14 jours depuis le début de l’hiver.

«Pour pouvoir construire une base de patinoire de façon optimale, il faut d’abord s’assurer que la température soit d’environ -10 °C pendant quatre nuits de suite, indique la Ville de La Prairie. Puis, il est nécessaire d’arroser suffisamment la surface avec une eau qui gèlera rapidement pour obtenir une base très solide. Le montage s’effectue ensuite par couches successives, ajoutées chaque jour, jusqu’à ce que la surface affiche un niveau constant partout.»

Dans le contexte actuel, il est difficile pour les villes de mettre en place une surface de bonne qualité, puisque «lors de journées ensoleillées où il fait au-dessus de -5°C ou -6°C, le soleil est assez chaud pour affecter la glace des patinoires», selon Saint-Constant.

«Malheureusement, avec seulement deux jours de température de 0°C ou plus, la glace se détériore rapidement et nous avons besoin de deux jours d’arrosage pour la refaire», confirme Laurie Mondou, conseillère en communication à Saint-Constant.

De plus, la technique d’arrosage de la glace diffère selon la surface et «influence son temps de réalisation», d’après Delson.

«Chaque type de surface à ses avantages et ses inconvénients. À titre de comparaison, le béton est une surface moins absorbante et plus lisse pour étendre l’eau, alors que le gazon est une surface qui reflète moins la lumière et qui est moins chaude», mentionne Hélène Gingras, responsable des communications de Delson.

Pour sa part, Saint-Philippe confirme qu’en date du 31 janvier, elle connaît sa pire saison depuis les trois dernières années; 55 jours de patinoires ouvertes en 2022, 33 jours en 2023 et seulement 10 jours cette saison.

Les patineurs doivent se tourner vers les patinoires réfrigérées à Candiac et Saint-Constant ou les arénas intérieurs.

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Les buts de hockey ont été retirés de la patinoire Lucie-F.-Roussel. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

Conditions défavorables

La Montérégie est en déficit de 30 à 40 cm de neige cette saison, selon le météorologue André Monette, de Météomédia. L’hiver 2023 est l’un des plus chauds depuis 1942.

«Nous n’avons pas eu une journée en bas de -20°C dans la région du Grand Montréal, soutient M. Monette. La seule autre fois qu’on a vécu ça, c’était en 2002 où on a eu l’hiver le plus doux enregistré.»

Il explique que les températures douces de l’eau des océans ont influencé la météo en Amérique du Nord cette année. Toutefois, dans les régions plus au nord du Québec comme les Laurentides, le mercure était plus froid.

«Quand on est dans un temps doux, on se rapproche du 0°C, ce qui nous donne un mélange de précipitations, soit de neige, de grésil ou de pluie, poursuit le météorologue en chef. Ce n’est pas optimal pour les sports d’hiver.»

André Monette estime que la Montérégie continuera de subir des températures plus chaudes jusqu’au 14 février, mais que la région peut espérer du temps plus froid vers la fin du mois. Cependant, cela pourrait être de courte durée, puisque les températures recommenceront à grimper à l’approche de mars.

Montants

Les villes consacrent des montants variés dans leur budget pour l’entretien et la manutention des patinoires. Notamment, Saint-Philippe y consacre 45 000$, alors que La Prairie prévoit un montant d’environ 100 000$ à son budget qui comprend la location de deux roulottes pour la saison, le déneigement, l’arrosage, le passage de la zamboni, la préparation du terrain, installer et désinstaller les bandes, le salaire des étudiants et des cols bleus et autres. De son côté, Delson ne peut chiffrer un montant, puisque «les travailleurs qui arrosent les glaces ne sont pas affectés à cette seule tâche par quart de travail, et que celle-ci ne revient pas à une fréquence prédéterminée», explique-t-elle. Pour Sainte-Catherine, l’entretien des variations de température. De son côté, Candiac débourse 270 000 $ pour ses six patinoires saisonnières et celle réfrigérée. 

«Il est important de souligner que cette dernière est une infrastructure de loisirs d’envergure dotée d’éclairage et d’un système de réfrigération et qui offre des conditions de glace parfaite, d’une haute qualité comparable à celles dans un aréna, et ce, durant plusieurs mois par année, argue Jacinthe Lauzon, directrice des communications de Candiac. L’entretien et la manutention de cette patinoire ne se comparent pas à ceux d’une patinoire de quartier.»

Le Reflet attend un retour de Saint-Mathieu.

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Une grande étendue d’eau était présente sur la patinoire Lucie-F.-Roussel, le 1er février. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)