Pour paraphraser feu la reine Élisabeth II, 2022 aura été «annus horribilis», une année horrible, notamment quant à l’état de l’économie.
Inflation, taux d’intérêt, pandémie, guerre… les consommateurs en ont fait les frais.
En toute sincérité, il serait difficile de s’attendre à pire pour 2023, encore qu’en économie on redoute ce qu’on appelle le «black swan», littéralement le cygne noir, c’est-à-dire un événement imprévu et néfaste qui bouleverse les prévisions. Par exemple, en 2022, contre toute attente et toute logique, la Russie a envahi l’Ukraine, ce qui a entraîné, pour un temps, une forte hausse des prix du pétrole et du gaz naturel.
De façon légitime, la communauté internationale a sanctionné la Russie, mais les Européens, entre autres, vont payer cher leur approvisionnement en énergie. Le gouvernement allemand a demandé à ses citoyens de baisser, cet hiver, les thermostats à 18 degrés et de se munir de bons chandails…
Ici? On se compare et on se console. Nous sommes relativement privilégiés et le ciel semble se dégager.
D’abord, un mot sur l’enjeu de l’énergie.
En cette fin d’année, le prix de l’essence à la pompe vient de redescendre à son niveau du début de l’année, à 1,50$ ou un peu plus le litre pour le carburant ordinaire. À l’automne, on avait atteint 2$ le litre!
Malgré le taux élevé d’inflation, le gouvernement québécois a décidé de limiter à 3% la hausse des tarifs d’électricité pour 2023. Vous regimbez? Rappelez-vous que le prix du lait – avec conséquences sur le beurre, le fromage, le yogourt et autres – a grimpé de plus de 10% sur un an de septembre 2021 à 2022. Qui a manifesté dans les rues? Passons.
Maintenant, l’inflation et la hausse du coût de la vie.
Tout indique que les augmentations de taux d’intérêt vont s’espacer en 2023. C’est ce qu’a indiqué récemment aux États-Unis le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, et le Canada suit généralement la même tendance. Attention! Il ne dit pas que les taux vont plafonner, voire descendre, il annonce simplement que les hausses vont ralentir.
En d’autres mots, on peut imaginer une pause pour 2023, ce qui va aider à juguler la hausse du coût de la vie. Toute la société finit par payer plus cher quand le crédit coûte plus cher, autant les citoyens que les entreprises. Au Canada, l’inflation se situait à 6,9% aux dernières nouvelles. En se croisant les doigts, on peut s’attendre à ce qu’elle diminue… à moins d’un cygne noir.
L’autre composante majeure de l’inflation touche aux coûts de production, notamment aux salaires, et à cet égard, ce sera plus compliqué.
On peut s’attendre à ce que bien des travailleurs, surtout ceux qui peuvent s’appuyer sur des conventions collectives, exigent un rattrapage salarial lors de leurs prochaines négociations. En même temps, la rareté de main-d’œuvre, au Québec, va forcément obliger les employeurs à offrir de meilleurs salaires pour attirer, ou juste garder leurs travailleurs.
Conclusion? À moins d’un cygne noir, le ciel va progressivement s’éclaircir en 2023. Mais il faudra du temps pour revenir à l’insouciance de l’avant pandémie et des misères qui ont suivi…