École Armand-Frappier: dans la lentille d’élèves atteints d’autisme

le mardi 21 juin 2016

Des élèves atteints du trouble du spectre de l’autisme ont immortalisé en photo les visages marquants de leur passage à l’école Armand-Frappier, alors qu’ils s’apprêtent à la quitter dans les prochains jours.

Ces jeunes poursuivront leur apprentissage à l’école de la Magdeleine à La Prairie en raison de la transformation de l’école secondaire Armand-Frappier en école primaire. Le projet de photographie est leur legs aux membres du personnel de l’école.

«C’est une équipe d’enseignants qu’ils aiment beaucoup, explique Karine Martel, travailleuse sociale, photographe et instigatrice du projet. C’est une façon de leur redonner l’amour et l’appréciation qu’ils ont envers eux, étant donné qu’une séparation aura lieu.»

«C’est une manière de leur dire qu’on les aime et qu’on les remercie», ajoute Cédric, élève de la classe de l’enseignante Éliane Montembeault.

Félix, Cédric, Mathieu et leurs camarades du Groupe adapté d’éveil à la réalité (GAER) n’avaient aucune expérience en photographie avant de se lancer dans ce projet artistique. Pourtant, les portraits affichés dans le corridor de l’école sont d’une qualité professionnelle, fait savoir Mme Martel.

«Le but, c’était l’exécution et le résultat, c’était un bonus. Finalement, ils ont fait de super belles photos», affirme-t-elle.

«Je voulais me démarquer des autres dans mes photos et prouver que j’étais capable de le faire», mentionne Mathieu.

«J’étais super content de mes photos, j’aimerais faire ça plus tard», ajoute Félix.

Les photographies ont été exposées le 10 juin lors du gala de fin d’année pendant lequel les élèves ont pu constater l’ampleur de leur travail.  

«Les photos sont tangibles, ils ont un résultat. C’est très concret pour eux. Ils peuvent être fiers d’un projet visible», poursuit Mme Martel.  

«Ceux qui ont de la difficulté à se féliciter eux-mêmes n’ont pas eu le choix de recevoir le positif», explique de son côté Mme Montembeault.

Sortir de la routine

Prendre les enseignants en photo a été un défi pour les jeunes, mais le processus qui a mené à la séance a été encore plus complexe pour quelques élèves.

«Pour certains, c’était plus facile d’approcher les professeurs, alors que pour d’autres, c’était difficile d’aller voir une seule personne», poursuit l’enseignante du GAER.  

Karine Martel utilise sa passion pour la photographie pour approcher les groupes adaptés.

«C’est parfois difficile pour les jeunes de s’exprimer devant un intervenant dans un bureau. La photo permet d’entrer en contact avec des gens qui ne sont pas rejoints par une intervention plus traditionnelle», explique-t-elle.

«Le projet aurait pu être épeurant pour eux, ajoute-t-elle. On leur a proposé quelque chose qui les sortaient complètement de leur routine dont ils ont toujours besoin. Ils m’ont impressionnée, car ils ont été curieux dès le début.»