«En garde !»

le mardi 9 février 2016

C’est avec un mélange d’appréhension et d’excitation que je revêts ma veste blanche en épais coton. Si l’on ne tient pas compte de l’unique gant que je porte à la main droite, je ressemble à un chef cuisinier, la toque en moins. Avec fébrilité, je prends mon masque et ramasse avec convoitise mon sabre. Mon fantasme se réalise. Dans quelques instants, je vais devenir D’Artagnan!

J’écoute avec attention les conseils de mon entraîneur d’un soir au Club d’escrime du Roussillon (anciennement Escribel), Charles-Étienne Vien. À 17 ans, il a derrière lui bon nombre de podiums tant sur la scène nationale qu’internationale.

«C’est un sport de combat. Il faut être concentré et discipliné. Ça va très vite. Un combat au sabre peut durer deux secondes. Il faut être capable de réagir rapidement», explique-t-il.  

Alors que les membres du club, majoritairement de jeunes enfants arrivent pour leur cour au gymnase de l’école des Cheminots à Delson, j’enfile mon masque paré à l’attaque afin de repousser l’ennemi. Sans le savoir, mon entraîneur me ramène à la réalité en me montrant les pas de base pour les déplacements. Si ceux-ci ont l’air d’une simplicité désarmante, dans les faits, ils exigent de ma personne un effort soutenu aux cuisses et mettent à l’épreuve mon sens de l’équilibre. Pendant que telle une ballerine nouveau genre je répète mes pas, le bruit métallique des sabres des élèves résonne.

Blessure

Une question me traverse soudain l’esprit. Les risques de blessures sont-ils fréquents en escrime?

«Les escrimeurs – ceux qui pratiquent de manière intensive –  peuvent avoir à la longue des problèmes de dos ou de hanche. Leur bassin est toujours asymétrique par rapport à la position de leurs jambes», intervient Xavier Blouin-Léger, 19 ans, le second entraîneur du club dont le parcours sportif est similaire à celui de Charles-Étienne.

«Les parents sont parfois inquiets à propos des armes. Ils nous demandent si elles sont tranchantes. Elles ne le sont pas et, de plus, le bout est replié [arrondi]. Nous les inspectons régulièrement», mentionne la présidente du club, Luce Blouin, présente à la rencontre.     

Combat

Je peux poursuivre sans crainte ma formation de chevalier Jedi, pardon de mousquetaire. Charles-Étienne me montre les rudiments de l’attaque. On s’en doute, il n’est pas question ici d’improvisation s’apparentant à des scènes de films hollywoodiens. Je répète au ralenti une série de mouvements où je dois toucher la tête de mon adversaire. Devant la lenteur de mes gestes, j’ai l’impression de m’adonner à du tai-chi.  

Mais qu’importe! Mon accoutrement et le maniement de mon sabre me comblent aisément. Sans tomber dans les jeux de mots faciles, je dois reconnaître que j’ai la piqûre pour l’escrime!

Les différentes types d’armes à l’escrime

Le fleuret : On marque des points en touchant uniquement la poitrine de son adversaire.  C’est une arme qui demande aux combattants plus de stratégie et une plus grande précision.

Le sabre : On obtient des points en touchant le corps à partir du haut de la ceinture, tête et bras inclus. Il permet de développer davantage la combativité et la rapidité. Le fleuret et le sabre pèsent approximativement 500 grammes.

L’épée : Tout le corps, y compris la tête, sert pour marquer des points. Les adversaires font preuve davantage de patience cherchant à la fois à se protéger et à attaquer. C’est la seule arme où il peut y avoir des touches simultanées. Lorsque cela se produit, les deux escrimeurs ont chacun un point. L’épée pèse environ 750 grammes.

Ils aiment l’escrime parce…

«Parce que j’aime tenir un sabre dans mes mains», Raphael Bisaillon, 10 ans, Sainte-Catherine

«Ça me permet de dépenser mon énergie de façon amusante», Lily Maude Cadieux, 11 ans, Candiac

«J’aime les duels», Brendon Handfield, 15 ans, Sainte-Catherine

«C’est une discipline, un sport de combat qui se pratique dans le respect. Peu importe notre âge. C’est également un sport multigénérationnel», Linda Keegan, 57 ans, Saint-Constant

Le Club d’escrime du Roussillon en chiffres

80 :  Membres que le club compte actuellement.

7 :  Âge où l’on peut commencer à s’initier à l’escrime. La majorité des escrimeurs du club ont entre 9 et 16 ans.

6 :  Nombre de municipalités et régions où le Club d’escrime du Roussillon offre ses entraînements: Sainte-Catherine, La Prairie, Candiac, Delson, Mercier – Châteauguay et Salaberry-de-Valleyfield.

250 $ à 300 $ :  Coût moyen pour l’achat de l’équipement de base (plastron, masque, gant et arme). Il faut ajouter entre 150$ et 200$ pour l’équipement électrique. Le club prête cet équipement gratuitement pour les jeunes qui débutent la compétition. À noter que le club fournit l’équipement en location. Le club axe ses formations sur le sabre et l’épée.