En guerre pour prendre soin de son conjoint

le mercredi 9 novembre 2016

Germain Claveau réclame depuis plus de deux ans une aide financière parce qu’il s’occupe de son conjoint malade à domicile.

Son partenaire de vie, André Piché, 49 ans, souffre de douleurs chroniques qui touchent ses fonctions digestives, respiratoires, génito-urinaires et la peau. De plus, il s’endort subitement peu importe ce qu’il fait et les médecins n’en ont toujours pas trouvé la cause, explique le résident de Saint-Constant.

Depuis avril 2014, le CLSC Kateri accorde à M. Piché une aide financière de 15 heures en lien avec la politique du soutien à domicile du ministère de la Santé. Le CLSC a accepté que M. Claveau soit le bénéficiaire des prestations. Un autre 15 heures a été accordé, mais on oblige qu’il soit versé à quelqu’un de l’extérieur afin d’offrir un répit à l’aidant.

Pour appuyer sa requête, il déplore qu’on ne puisse envoyer quelqu’un aux moments opportuns et à quelques heures d’avis. «Lors de ma rencontre au CLSC, j’ai demandé si on pouvait m’envoyer quelqu’un le lendemain à 4h du matin. Je n’ai pas eu de réponse», mentionne-t-il. Pour lui, il est ridicule que quelqu’un soit sur place lorsque son conjoint va bien.

«La personne la plus apte à gérer la situation au quotidien, c’est moi. Je suis capable d’en prendre soin, je n’ai pas besoin de répit», soutient M. Claveau.

Celui qui est gérant et serveur dans un restaurant à LaSalle doit prendre la décision tôt le matin à savoir s’il peut laisser ou non son conjoint pour aller travailler. Parfois il quitte son boulot pour revenir auprès de lui.

«Quand il ne file pas, il s’endort partout. Il le sent venir et il est capable de m’appeler», dit-il.

Situation exceptionnelle

Selon M. Claveau, la situation de son partenaire des 14 dernières années est exceptionnelle et il ne doit pas être évalué selon les normes habituelles.

«Le CLSC m’a dit qu’il reconnaissait les besoins. Mais comment peut-il être capable de l’évaluer selon les normes tandis que les médecins ne comprennent pas la situation?» se questionne-t-il.

Afin d’être bénéficiaire des 30 heures allouées, M. Claveau a notamment interpellé le Protecteur du citoyen. Ce dernier lui donne raison en partie. Selon son évaluation, M. Claveau est la personne la plus présente et disponible pour s’occuper de son conjoint.

Le Protecteur mentionne que le CLSC, en allouant les 15 heures, reconnaît les besoins de surveillance que nécessite M. Piché. Il poursuit en indiquant que ces besoins sont aléatoires et qu’il n’est pas possible de confirmer si les heures allouées par le CLSC sont adéquates.

M. Claveau a également approché le député de Sanguinet, Alain Therrien. Philippe Renaud, son attaché politique, soutient avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider.

«Sa situation est matière à réflexion pour l’aide qu’on apporte aux aidants naturels. J’ai soulevé toutes les pierres qui étaient à ma portée, si je peux apporter plus, je suis ouvert», indique-t-il.

M. Claveau songe maintenant à recourir à un avocat pour obtenir l’aide financière.

Chèque emploi-service

Le Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSS), qui gère notamment le CLSC Kateri, ne veut pas commenter le dossier pour des raisons de confidentialité.

Il précise toutefois que le chèque emploi-service est une ressource qui vise à «soutenir la personne dans ses besoins et éviter l’épuisement de la famille.» Il n’est pas prévu pour compenser des heures perdues au travail ni comme revenu d’appoint.

L’usager est éligible à un nombre d’heures selon une évaluation standardisée pour un traitement équitable, dit-on.

On soutient également qu’il est préférable que l’usager embauche quelqu’un d’autre qu’un membre de sa famille, mais que certaines exceptions peuvent être acceptées. La décision finale découle d’un jugement clinique des professionnels.

 

Historique de la situation:

Juillet 2010

André Piché souffre d’une pancréatite aiguë nécrosante et subit une opération. Il commence la prise de médicaments, des opiacés.

2011

Il reprend son métier de serveur, mais des douleurs intenses au dos le forcent à arrêter. Il est aujourd’hui invalide.

2012

Du jour au lendemain, il commence à s’endormir subitement lors de ses activités quotidiennes. Les médecins n’ont toujours pas trouvé la cause, selon son conjoint.

Mai 2016

M. Piché se rend dans une clinique du sommeil. On lui répertorie plus de 700 apnées centrales du sommeil. On lui recommande d’éliminer les opiacés.

Juin 2016

Remplacement des opiacées par de la méthadone. M. Piché ne note aucune amélioration de sa situation.