Le 27 mars 2020, la Banque du Canada abaissait son taux directeur à 0,25 %. Il fallait stimuler l’économie affectée par la pandémie.
Le 26 octobre dernier, à peine 31 mois plus tard, elle décrétait une sixième hausse de taux, le portant à 3,75 %. Il fallait ralentir l’économie pour, du même coup, freiner l’inflation.
Vous êtes mêlé? Ça vous déconcerte? Vous n’êtes pas les seuls.
La reprise brutale et soudaine de l’inflation semble avoir pris de court les autorités monétaires, comme la Banque du Canada, qui agit à l’unisson avec les banques centrales des autres pays industrialisés. L’ennemi a changé de visage. Il s’appelle maintenant l’indice des prix à la consommation, en hausse, et on nous dit que ces interventions musclées devraient aider à calmer le jeu.
Oui, mais encore faut-il que le remède ne tue pas le patient!
Le marché immobilier, directement influencé par les taux d’intérêt, montre déjà des signes d’essoufflement, ce qui n’est pas nécessairement malsain après des années débridées avec des prix en croissance accélérée. De septembre 2021 à septembre 2022, les ventes ont baissé de 30% dans la grande région de Montréal. Pour l’instant, la valeur des résidences se maintient, mais la logique voudrait qu’elle commence bientôt à décliner.
Les nouveaux acheteurs y trouveront peut-être leur compte. Les vendeurs, eux, risquent d’encaisser un léger recul, selon les endroits. Ce recul ne devrait toutefois pas être prononcé; on n’entrevoit pas d’affaissement.
Mais les gens qui veulent demeurer chez eux tout en ayant à refinancer leur hypothèque vont trouver le temps long.
Selon le calculateur de l’Autorité des marchés financiers, la différence entre un ancien taux de 3 % et un nouveau de 7 % (qu’on trouve maintenant sur le marché) signifie une hausse de 201$ aux deux semaines pour un solde de 200 000$, sur un terme de 25 ans, soit 5 232$ sur un an… C’est beaucoup d’argent.
C’est sans compter ce qu’il faudra allonger de plus pour financer l’achat d’une voiture, de meubles, de rénovations… et qu’il faut aussi manger, se nourrir et pourvoir aux autres besoins essentiels.
Se serrer la ceinture, sans doute. Mais de nombreux citoyens se sont habitués à vivre à crédit, alors qu’il était abordable. La cure d’amaigrissement pourrait être douloureuse.
Et comme l’économie dépend pour les deux tiers des dépenses des consommateurs, la moindre réduction va effectivement la refroidir.
En autant que ce petit coup de froid ne se transforme pas en gel… Les plus récentes indications montrent cependant que l’économie américaine, de son côté, se montre plus résiliente qu’on ne l’aurait cru. Elle affichait une croissance de 2,6 % sur une base annuelle au troisième trimestre, un bilan bien meilleur que prévu, alors que l’inflation, elle, se dégonflait. Et comme nous suivons habituellement ici les mêmes tendances, les nouvelles ne sont finalement pas si mauvaises!